L'observation attentive des caractéristiques techniques des trois petites Suzuki confirme ce chevauchement: la Celerio est plus longue et plus haute que l'Alto, plus courte et plus basse que la Splash. L'empattement est par contre dans les deux cas plus généreux de 65 mm. Tout bénéfice pour l'habitabilité, un des points forts de la Celerio, ce qui se confirme avec la contenance record du coffre, 254 litres.
Avec ses 360 cm, la Celerio se situe, à quelques centimètres près dans la moyenne du segment (365,5 cm pour la Hyundai i10, 354 cm pour la VW up!). La Suzuki gagne des points en hauteur, seule la Twingo la bat d'un centimètre avec ses 155 centimètres. La Suzuki marque aussi sa différence avec ses cinq places (sauf sur la version de base qui ne dispose que de quatre places et d'une banquette simplifiée).
Dans le segment des petites citadines, certains constructeurs jouent la carte du design, de la personnalisation et donc de l'émotion. Un choix que privilégie les triplettes Peugeot 108, Citroën C1 et Toyota Aygo, mais aussi la nouvelle Renault Twingo ou la Volkswagen up!.
La tyrannie de la beauté
On devine dès le premier regard que Suzuki n'a rien tenté à ce niveau. Sans souffrir ce qu'on peut appeler un "physique difficile", la Celerio ne révèle aucun charme particulier, arborant une robe tout ce qu'il y a de plus classique et passe-partout, typiquement asiatique serait-on tenté d'ajouter, au point d'en paraître intemporelle.
Cette silhouette pourrait exister depuis cinq ans, ou apparaître dans cinq ans, on a le sentiment que ça ne changerait rien à l'affaire. L'ouverture des portes et un regard sur le cockpit ne tempérera guère cette première impression. Propre net, sans audace particulière, sans lacune non plus, le tableau de bord n'arrachera pas des larmes d'émotion à un esthète.
Le noir règne en maître, seulement tempéré par quelques touches de couleurs égayant le tissu des sièges et un insert d'aspect alu soulignant la console. Les plastiques durs sont omniprésents, occasionnant sur nos modèles de présérie quelques bruits mobiliers: laissons-leur le bénéfice du doute et notons qu'ils dissimulent toute trace de tôlerie dans l'habitacle. Un bon point aussi pour la présence bienvenue de poignées de maintien passagers au plafond.
Bienvenue à bord
L'espace dévolu aux passagers se montre généreux, tant à l'avant qu'à l'arrière, et la garde au toit satisfera les plus grands d'entre nous: la silhouette cubique a ses bons côtés, non sans rappeler les vertus de la défunte Wagon R qui s'était à l'époque taillé un joli succès. L'accès à bord est facilité par des portes aux dimensions et à l'ouverture généreuses.
Au niveau de l'équipement, les airbags "rideau" latéraux n'apparaissent qu'à partir du second niveau de finition (GL), ce qui coûte de facto une étoile au test N-CAP. Le modèle de base, privé de ses airbags latéraux et de sa cinquième place, ne se justifie en fait dans le catalogue que pour son prix d'appel: il ne représente chez Suzuki que 5% des ventes…
Cette version de base (GA) est affichée en Belgique à 9.999 €, le modèle intermédiaire GL réclame 1.000 € de plus. Un prix de lancement pour la période du salon rendra les Celerio particulièrement attractives: 8.500 € pour la GA, 9.500 € pour la GL, 10.000 € pour la GL Airco, et 10.600 € pour le haut de gamme GLX.
Inutile de préciser que la GA fait à peu près l'impasse sur tout, tandis que la GL "Airco" gagne en plus de la climatisation manuelle la radio/CD/MP3 avec le Bluetooth et la connection USB, la clé avec commande à distance. La GLX s'enrichit des lève-vitres à l'arrière, des jantes alliage, des antibrouillards avant, des rétroviseurs électriques et d'encore deux ou trois broutilles cosmétiques.
Roule, ma poule!
Pas de révolution mécanique sous le capot avec le volontaire petit trois cylindres essence cubant un litre. Suzuki en tire 68 ch à 6.000 trs/min, avec un couple de 90 Nm à 3.500 trs/min. Combiné à un poids qui ne dépasse pas 835 kg, ce petit bloc donne joyeusement vie à la Celerio, en dépit de rapports de boîte comme toujours trop longs, normes d'homologations obligent.
Notre petit périple au nord du Portugal nous a enchanté, la Celerio ne manquant guère de qualités dynamiques: vive et saine, freinant bien avec un toucher de pédale franc, distillant un confort de bon aloi, et même raisonnablement insonorisée pour la catégorie.
On s'attache
La Celerio s'est montrée à l'aise sur tous les terrains, des routes de l'arrière pays à l'autoroute avalée pied au plancher (ça va plus vite en descente qu'en montée…) en passant par les inextricables embouteillages de Porto aux heures de pointe. Bonne surprise pour la consommation moyenne, mesurée à 5 L/100km avant de nous confronter aux embouteillages, à 5,7 L après, un résultat honorable au vu de notre conduite. Les chiffres officiels annoncent une valeur moyenne de 4,3 L/100km, pour 99 grammes de rejets par kilomètre.
La boîte mécanique à cinq vitesses pourra être délaissée dès le mois d'avril prochain au profit d'une boîte robotisée à simple embrayage, toujours à cinq rapports.
Au moment de prendre le volant de la Celerio, nous nous demandions un peu ce que nous allions vous raconter, mais quand est venu le moment de l'abandonner au parking de l'aéroport, nous nous y étions déjà attaché. Le plaisir de conduite que distille à son volant la Celerio, conjugué à ses indéniables qualités pratiques et le sentiment de robustesse qu'elle dégage, rend le choix tout de suite moins cartésien que prévu initialement…