Olivier Maloteaux

28 FÉV 2025

Essai : Volvo EX90, cocon sur pile pour famille nombreuse

Après une longue attente, nous avons enfin pu prendre le volant du grand SUV électrique de Volvo. Il promet aux grandes familles un monde de douceur et de silence. Voyons cela.

{"fr":"SUV Volvo moderne, beige, en conduite sur route enneigée, entouré de forêt verdoyante.","nl":"Moderne beige Volvo SUV rijdt op besneeuwde weg omringd door groen bos."}
{"fr":"Volvo EX90 roulant sur une route enneigée au crépuscule, entourée de forêt.","nl":"Volvo EX90 rijdt bij schemering op een besneeuwde weg, omringd door bos."}

"L’attente est récompensée : ce Volvo EX90 est un SUV électrique de grande taille réussi, très agréable à vivre comme à conduire."

L’accouchement fut douloureux… Le lancement de l’EX90, présenté initialement en 2022, a été maintes fois reporté suite à des problèmes de logiciels, l’engin grouillant de puces électroniques capricieuses. Mais il est maintenant prêt à prendre la route. Sur le marché des SUV électriques à 7 places, cet EX90 se pose en concurrent des Kia EV9, Mercedes EQS SUV ou encore des Tesla Model X et BYD Tang.

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Design

Une bosse sur la tête…

Mis à part les poignées de portes encastrées et la calandre totalement obstruée, cet EX90 ressemble fort à son frère, le XC90 à essence ou hybride plug-in (qui vient de reporter l’âge de sa retraite et de s’offrir un ultime lifting). Il s’en distingue cependant aussi par sa bosse sur la tête… Cette excroissance au-dessus du pare-brise abrite un Lidar qui devrait permettre à l’avenir une conduite autonome plus poussée. En attendant une future mise à jour pour le rendre actif, ce radar ne sert à rien…

Au-delà de sa bosse des maths, l’EX90 arbore un dessin plutôt classique et agréable à l’œil, avec notamment des feux avant en forme de « T », rappelant le marteau de Thor. Imposant, cet engin de 5,04 mètres de long repose sur des jantes de 20, 21 ou 22 pouces et peut se couvrir de 8 couleurs différentes. Parmi les détails esthétiques, on note les fins rétroviseurs extérieurs sans cadre (frameless) qui font dans la finesse.

Expérience

Bien-être scandinave

Pas de clé pour ouvrir cet EX90 : il se déverrouille lorsqu’on l’approche, smartphone ou carte NFC en poche. En franchissant la porte, on plonge dans un univers typiquement scandinave, avec un mobilier très épuré. Certains trouveront que ça fait un peu vide, d’autres apprécieront cet aspect moderne et design. Les matériaux sont globalement qualitatifs, avec notamment des essences de bois sur la console centrale, dont la partie supérieure est rétroéclairée pour une ambiance zen en conduite nocturne.

Quant aux sièges, leur confort est tout bonnement excellent. Par contre, plus de cuir véritable : cet EX90 bannit les peaux de vache à son bord ; tous les revêtements sont synthétiques, avec de série du similicuir (Nordico). Nous lui préférons le revêtement en laines mélangées optionnel (1.250 €). On vous conseille aussi le programme de massages très agréable, mais disponible uniquement sur la finition haute Ultra. Et pour éviter les impuretés, cette Volvo peut se doter (dès le 2e niveau de finition) d’un purificateur d’air sophistiqué qui élimine jusqu’à 95% des particules nocives (PM 2.5) et retient aussi les pollens.

5, 6 ou 7 places

Si la version de base est une simple 5 places, toutes les autres disposent de 7 places de série, avec au deuxième rang trois sièges individuels réglables en longueur et inclinaison. Les deux places latérales sont très spacieuses et moelleuses, mais le siège du milieu est plus étroit et son dossier plus ferme (il abrite un accoudoir).

L’accès au 3e rang est comme souvent un peu acrobatique, mais les passagers sont bien installés, avec un bel espace pour les jambes. Par contre, si vous mesurez plus de 1,70 mètre, vous aurez la tête dans le plafond. Petite attention : tous les passagers arrière disposent de leur propre porte-gobelet et prise USB-C. A noter aussi qu’une configuration 6 places est également proposée, avec alors deux « captain chairs » à accoudoirs au deuxième rang, pour un confort princier. Dans tous les cas, les passagers arrière profitent d’un belle dose de lumière grâce au toit panoramique offert de série (mais non ouvrant).

Grand coffre et petit frunk

En configuration 5 places, le coffre est généreux (669 litres sous le cache-bagages), avec une belle longueur de plancher (de 1,09 à 1,28 mètre). Lorsque l’on rabat les sièges du deuxième rang, le plancher atteint même entre 1,91 et 2,05 mètre(s) et le volume grimpe alors jusqu’à 1.955 litres.

Les sièges du troisième rang se replient et se redressent électriquement. Mais en configuration 7 places, l’espace pour les bagages est logiquement plus réduit, avec 384 litres maximum, soit le même volume que dans une VW Golf. À cela s’ajoute sous le capot avant un petit frunk (34 litres), pour caser les câbles de recharge.

Multimédia Google efficace

Comme combiné d’instruments, cette grande Volvo se contente d’un petit écran (9 pouces) derrière le volant, assez avare en informations. Il peut se compléter en option d’un grand affichage tête haute (équivalent à 13,2 pouces). Mais le centre névralgique du multimédia, c’est la tablette centrale de 14,5 pouces, offrant une belle résolution. Elle pilote pratiquement toutes les fonctions de bord, y compris le réglage de la clim’ ou des rétroviseurs extérieurs… Ce « tout à la tablette » déroute au départ, mais on finit par s’y faire.

Le multimédia tourne sous Android Automotive et donne accès aux services Google (mais inclut aussi une connexion Apple CarPlay sans fil), dont les excellentes cartes Google Maps qui offrent une bonne recherche des bornes de recharge. Le système permet aussi de télécharger directement des applis du Google Play Store (comme Spotify, Waze, Amazon Prime Video et YouTube) depuis l’écran, sans devoir relier le téléphone mais juste en vous connectant à votre compte Google. La voiture est livrée avec un abonnement gratuit de 4 ans pour l’utilisation des services Google et de toutes les apps.

Enfin, l’assistant vocal « Ok Google » répond efficacement aux requêtes, pilotant toute une série de fonctions (climatisation, téléphonie, audio). Parmi les équipements technologiques, on attend pour bientôt un système de parking à distance permettant d’effectuer les manœuvres via smartphone.

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Conduite

Moteurs puissants mais pas violents

L’EX90 est disponible en version propulsion monomoteur de 279 ch/490 Nm (0-100 km/h en 8,4 secondes, batterie de 101 kWh utilisables) et en versions bimoteurs à grosse batterie (107 kWh utilisables) de 408 ch/770 Nm (0-100 km/h en 5,9 secondes) ou 517 ch/910 Nm. Nous avons testé la plus costaude, qui accélère vraiment très fort (0-100 km/h en 4,9 secondes), mais sans violence, façon force tranquille. Ceci dit, la version intermédiaire de 408 ch devrait déjà suffire très largement…

Un monde de douceur et de silence

Plus que la puissance, nous avons surtout apprécié le silence de ce gros SUV à pile, doté d’un double vitrage. Et on vous conseille l’option suspension pneumatique pilotée, qui pose ce poids-lourd sur coussin d’air et lui offre un toucher de route franchement ouaté. Cette grosse Volvo (2,8 tonnes pour la Twin Motor, dont près de 700 kilos rien que pour la batterie…) n’est pas non plus ridicule en virage, où elle présente une direction bien calibrée, un bel équilibre et une tenue de route très efficace au regard du gabarit. Une belle agilité que l’EX90 Twin Motor doit en partie à son train arrière à répartition vectorielle de couple (le travail de deux embrayages multidisques permet de reporter le couple sur la roue extérieure pour mieux enrouler le virage ; ces embrayages peuvent aussi se fermer pour faire office de différentiel autobloquant favorisant l’adhérence ou, au contraire, s’ouvrir totalement pour désacoupler le moteur arrière afin de consommer un peu moins d’électricité et d’augmenter l’autonomie jusqu’à 8% d’après Volvo).

Notez aussi que SUV à pile peut tracter un attelage pesant jusqu’à 2,2 tonnes. Et, armé de la suspension pneumatique, la garde au sol peut être portée jusqu’à 25 centimètres, permettant à l’EX90 de s’aventurer hors bitume, comme nous avons pu le vérifier sur un parcours tout chemin avalé sans souci et toujours dans un grand confort.

De très gros accus

Les deux énormes batteries proposées (101 ou 107 kWh utilisables) offrent une autonomie théorique généreuse, variant entre 580 kilomètres (Single Motor) et 614 kilomètres (Twin Motor). Bien sûr, comme toujours, c’est nettement moins en pratique… Durant notre essai mené dans le nord de la Suède, en conduite calme mais sous très basses températures (de -4 à -13°C !), nous avons consommé entre 26 et 35 kWh/100 km, ce qui correspond à une autonomie réelle comprise entre 305 et 410 kilomètres. Ça reste un beau rayon d’action. Nous vous proposerons très bientôt des mesures de consommation plus réalistes lors d’un essai en Belgique.

En attendant, on peut déjà vous dire que cette Volvo dispose d’un mode de régénération qui peut s’adapter à l’environnement routier (freinage/régénération automatique à l’approche d’un rond-point ou d’un véhicule plus lent, par exemple), ainsi que d’un mode one pedal permettant de marquer l’arrêt sans toucher les freins. Par contre, pas de palettes au volant pour doser l’intensité de la régénération.

Côté recharge, cette Volvo n’établit aucun record : le chargeur interne se limite à 11 kW (contre jusqu’à 22 pour la petite sœur EX30…) et il faut donc au minimum 10 heures sur borne domestique pour un « plein » complet. En DC, bien que la batterie tourne sous 400 Volts et non 800, la puissance de charge est néanmoins très intéressante (max. 250 kW) et il suffit d’environ 30 minutes pour passer de 10 à 80% de charge.

Un « passeport batterie »

Une des particularités de cette EX90, c’est qu’il s’agit du premier véhicule électrique doté du « passeport batterie ». Ce document, qui ne deviendra obligatoire qu’à partir de février 2027, indique notamment l’origine des matériaux clés de la batterie et l’empreinte carbone de sa production, mais aussi l’« état de santé » de la batterie (SoH, pour State of Health), à savoir sa capacité d’énergie restante à travers le temps. Dans la Volvo EX90, vous avez accès à un résumé de ce passeport via un code QR situé à l’intérieur de la porte conducteur du véhicule. Un lien qui nous a révélé que les matériaux cruciaux (lithium, nickel, cobalt, graphite) de la batterie de notre exemplaire d’essai venaient de Chine, comme c’est souvent le cas.

Prix

Prix du Volvo EX90 en 2025

Financièrement, le Volvo EX90 se situe entre un Kia EV9 et un Mercedes EQS SUV, soit à hauteur d’un Tesla Model X moins raffiné. Le tarif débute à 86.320 € pour l’EX90 propulsion à 5 places de 279 ch (88.070 € en 7 places), à 93.020 € pour la Twin Motor 7 places de 408 ch et à 102.620 € pour la Twin Motor Performance de 517 ch. L’équipement est déjà très riche dès la version de base. On ajouterait juste la très confortable suspension pneumatique (2.700 €). Côté garantie, c’est du classique, avec une couverture globale de 3 ans ou maximum 100.000 kilomètres (8 ans/160.000 km pour la batterie). Ce qui est plus rare, c’est que Volvo vous offre les entretiens pendant 5 ans ou maximum 150.000 kilomètres (c’est le cas sur tous les modèles full électriques de la marque).

Verdict

On peut dire que l’attente est récompensée : ce Volvo EX90 est un SUV électrique grande taille réussi, très agréable à vivre comme à conduire, grâce à un habitacle convivial et un confort de conduite de très haut niveau. Le tout agrémenté d’une ambiance et d’un bien-être typiquement scandinaves, qui permet à cette Volvo de se distinguer de ses rares concurrentes directes sur le segment.

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