Jean-Francois Christiaens

30 OCT 2024

Essai : Ford Capri 2024, une vraie bonne ID ?

Positionner cette Capri comme l’héritière du coupé Ford du siècle passé, est-ce vraiment une bonne idée ? En tous les cas, demander aux ingénieurs de Lommel de retravailler la plateforme des Volkswagen ID à la sauce Ford, ça c’est l’idée du siècle !

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La Ford Capri dispose de l’un des meilleurs typages d’amortissement du marché des SUV électriques. Elle est à la fois confortable et précise. Un régal à manier !"

Ford fanfaronne à coup de slogans et de capsules vidéo (jusqu’à embaucher Éric Cantona) pour tenter de nous faire croire que la « Legend is back ». Bref, que l’esprit de sa Capri du précédent millénaire revient sous les traits de ce crossover électrique. Mais la Capri, c’est fini (désolé, on n’a pas résisté à la tentation). En soi, cela n’a rien de grave. Plus personne n’achète réellement aujourd’hui un coupé 3 portes proche du sol et animé par des « grosses » motorisations thermiques. Nettoyons tout de même tout ce tralala marketing pour retenir simplement que Ford a puisé dans sa liste de modèles charismatiques du passé pour baptiser la version à la poupe tronquée de son SUV électrique Explorer. Ce qui, techniquement, nous revient donc à découvrir l’interprétation Ford des itérations coupé des SUV moyens électriques du groupe Volkswagen : VW ID.5 ; Skoda Enyaq Coupé ou encore Audi Q4 e-tron Sportback. Pour rappel, avec l’Explorer et la Capri, Ford étoffe en effet sa famille de modèles électriques européens en profitant de la base technique MEB du groupe Volkswagen.

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Design

Made in Germany

Inutile de tergiverser pendant des heures sur les potentiels liens esthétiques entre cette Capri et ses devancières. Disons simplement qu’on est ici plus dans l’univers du subtil clins d’œil (signature lumineuse rappelant vaguement les quatre phares du feu coupé ou bandeau noir reliant les optiques avant, par exemple) que dans la réinterprétation néo-rétro façon Renault R5 E-Tech.

De profil, cette Capri tirant vers l’univers du crossover nous rappelle plutôt une Polestar 2 avec son typage de berline surélevée qu’un sensuel coupé. En tous les cas, on ne pourra pas lui reprocher d’être une simple version rebadgée à la hâte de la Volkswagen ID.5. Ford n’utilise « que » la base technique MEB du groupe allemand pour profiter d’économies d’échelle. Mais la Capri a été redessinée et développée par l’équipe Ford. Elle est, en outre, fabriquée dans l’usine Ford de Cologne, en Allemagne.

« Long tail »

Par rapport à sa sœur Explorer au profil monolithique plus conventionnel, la Capri adopte une poupe de SUV Coupé avec sa lunette arrière inclinée. Un hayon fuyant qui allonge généreusement la silhouette du modèle qui s’étend sur 4,63 m. Soit 16 cm de plus que l’Explorer. Mais notons que l’empattement reste identique dans les deux cas (2,77 m). C’est l’allongement sensible du porte-à-faux arrière de la Capri (98 cm contre 85 cm) qui étire sa silhouette façon « long tail ». Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour sa trainée aérodynamique et donc son autonomie. D’autant plus que, dans le même temps, Ford a baissé la garde au sol de sa Capri pour affirmer davantage son caractère sportif par rapport à l’Explorer plus aventureux : 13,5 cm contre jusqu’à +- 15 cm pour l’Explorer en fonction de sa motorisation.

Jaune Vivid sans supplément !

Enfin, on notera la présence dans le catalogue de la Capri de deux coloris particulièrement pétillants : le jaune « Vivid », une peinture non-métallisée offerte sans supplément. Et le bleu My Mind, une peinture métallisée exclusive facturée 1.000 €, à l’instar de la teinte rouge Lucid. De quoi amener théoriquement un peu de gaité sur nos routes, même si les car-policies des entreprises imposeront certainement de commander ce SUV électrique dans ses teintes blanches, grises ou noires plus conventionnelles…

Côté jantes, les Capri chaussent au minimum du 19 pouces en série, mais peuvent monter jusqu’à 21 pouces en option. Petit détail : dans tous les cas, Ford a opté pour des dimensions différentes pour les pneus avant et arrière. Impossible donc de permuter les trains pour uniformiser l’usure des pneus.

Expérience

Petits trous façon Capri

Même constat que pour les lignes extérieures : l’habitacle de la Ford Capri est bien signé Ford. C’est plus une transposition du nouveau tableau de bord de l’Explorer qu’un copier/coller des produits MEB Volkswagen. Par rapport à l’Explorer, on remarque surtout l’apparition d’une branche spécifique dans la partie inférieure du volant : les petits ronds découpés doivent rappeler le volant sport du précédent coupé Capri. D’un millésime de Capri à l’autre, on reste clairement dans l’univers des rappels très « subtils » à l’intérieur, comme pour l’extérieur.

Rangements secrets

Retrouver la planche de bord de l’Explorer, c’est plutôt une bonne nouvelle dans l’ensemble. L’astucieux écran vertical de 14,6 pouces positionné sur des glissières (SYNC Move) permet ainsi de retenir l’angle d’inclinaison qu’on préfère. De plus, il renferme un petit espace de rangement secret baptisé « My private locker ». Un espace qui se verrouille lorsqu’on ferme la voiture. De quoi profiter d’un rangement plus sécurisé pour laisser un objet de valeur à bord en quittant son véhicule.

Autre rangement pratique repris de l’Explorer : la « MegaConsole ». Soit le grand bac central entre les sièges avant qui permet de glisser un ordinateur portable, un sac à main ou trois grandes bouteilles d’eau d’1,5 l. Bon, par contre, on sent que la finition de l’ensemble est un peu « cheap ». Les plastiques utilisés sont assez durs et l’assemblage semble globalement un peu léger.

Copie de SYNC4

Notez tout de même qu’il ne faut pas très longtemps pour ressentir l’héritage imposé de certaines commandes Volkswagen à bord de cette Capri : la « sucette » fixée derrière le volant pour sélectionner le sens de marche, les zones tactiles pour allumer les phares ou régler le volume ou encore les deux interrupteurs pour commander les quatre vitres (il faut cliquer sur « rear » avant d’actionner les boutons si on veut manœuvrer les fenêtres arrière).

On sent également que le système d’exploitation derrière l’écran vertical SYNC Move, dont le look rappelle pourtant le SYNC4 de Ford, est bien celui d’origine Volkswagen. A l’usage, on a l’impression de commander une « copie un peu moins bien réussie » du SYNC4 de Ford. Mais l’ensemble fonctionne néanmoins plutôt bien et présente une ergonomie intuitive. De plus, la connectivité est complète avec Apple CarPlay et Android Auto sans fil.

Devant ses yeux, le conducteur trouve aussi un petit affichage digital de 5,3 pouces repris de l’univers des Volkswagen ID. Mais dans sa dernière évolution. Ce qui signifie qu’il est moins chiche en informations que par le passé. On peut y afficher, outre sa vitesse et son autonomie restante, aussi son ordinateur de bord ou le rappel des instructions de navigation. En option, on peut également jouir d’un affichage tête-haute plutôt complet si on le souhaite.

Espace généreux, mais visibilité ¾ arrière compliquée

La ligne de toit devenant fuyante après la zone dédiée aux passagers postérieurs, la garde au toit reste suffisante pour les convoyeurs du fond. Ils disposent aussi d’un rayon pour les jambes généreux. Seul petit bémol quand on s’installe aux places arrière : il n’est pas possible de glisser facilement ses pieds sous les sièges avant. Seulement le bout des orteils.

S’il n’handicape pas l’espace habitable arrière, le style de coupé de ce SUV électrique nuit en revanche à la visibilité ¾ arrière. Les montants C sont très épais. Heureusement, la caméra de recul est offerte en série. Mais pour plus de sérénité lors des manœuvres, mieux vaut opter pour le pack « Driver Assistance » comprenant en sus les caméras 360 °.

Coffre XXL…

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, le SUV Coupé Capri n’offre pas moins de coffre que son pendant classique Explorer. C’est même le contraire grâce à l’allongement généreux de son porte-à-faux arrière. En configuration 5 places, on peut embarquer jusqu’à 572 l de bagages sous la plage arrière, voire jusqu’à 627 l jusqu’au hayon. L’Explorer ne peut offrir mieux que 470 l / 530 l dans les mêmes conditions. Avec les dossiers repliés, les chiffres glissent respectivement à 1.510 l et 1.460 l pour les deux nouveaux SUV électriques Ford.

…mais pas de frunk !

Au-delà des chiffres, le coffre de la Ford Capri se montre pratique à l’usage grâce à son grand hayon (mais attention à son ouverture dans un garage, car il monte vraiment haut), ses formes régulières et son double plancher modulable offert en série. En revanche, notons que la Capri n’a pas droit à un petit rangement supplémentaire sous son coffre avant. L’absence de « frunk » sur un modèle pourtant exclusivement électrique, c’est aussi un héritage de la plateforme MEB de Volkswagen visiblement…

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Conduite

Deux ou quatre roues motrices

La Capri calque son offre mécanique sur celle de sa sœur Explorer. L’offre se concentre néanmoins ici, lors du lancement, autour des deux versions Extended Range : la propulsion de 283 ch / 210 kW et la quatre roues motrices de 340 ch / 250 kW. Une version d’accès moins puissante (125 kW / 170 ch) et à plus petite batterie Standard Range (52 kWh) sera lancée plus tard.

Les deux versions Extended Range (RWD et AWD) disposent de batteries Lithium-ion de type NMC et stockent plus ou moins la même quantité d’électricité : 77 kWh nets pour l’AWD et 79 kWh nets pour l’AWD. Les deux modules sont compatibles avec des puissances de recharge en courant continu de respectivement 135 et 185 kW, ce qui assure dans tous les cas une recharge de 10 à 80 % théorique en moins de 30 minutes. Les deux modèles disposent aussi, en série, d’un chargeur triphasé de 11 kW.

Jusqu’à 627 km d’autonomie

Profitant de sa carrosserie plus aérodynamique, la Capri peut étendre ses escapades entre deux recharges plus loin que sa sœur Explorer. La version propulsion Extended Range promet, en effet, jusqu’à 627 km d’autonomie WLTP ! Voilà qui est rassurant. Notons que le rayon d’action théorique reste aussi proche de la barre des 600 km en version AWD (592 km). Dans la pratique, on soulignera avoir effectivement relevé des consommations moyennes plutôt faibles avec les deux versions lors de notre première prise en main. Jusqu’à descendre vers les homologations WLTP officielles (13,3 kWh/100 km en RWD et 15,0 kWh/100 km en AWD) sur les parcours les plus favorables. De quoi espérer des autonomies réelles confortables, donc. Dans des conditions plus exigeantes (autoroute et conduite « dynamique »), la consommation moyenne est néanmoins aussi restée sous la barre des 20 kWh/100 km. De quoi tabler sur +- 400 km réels dans le « pire des cas ». Le nouveau moteur électrique postérieur de 210 kW / 545 Nm découvert sur l’ID.7 et utilisé dorénavant sur la base MEB du groupe Volkswagen semble effectivement plutôt frugal.

Une vraie Ford !

Mais finalement, la meilleure nouvelle de cet essai reste encore qu’on roule au volant d’une « vraie Ford ». On le sait, le constructeur à l’ovale bleu met toujours un point d’honneur à soigner l’agrément dynamique de ses modèles, sans sacrifier leur confort de marche. Et la mayonnaise a encore pris avec la Capri. Sans devoir utiliser des amortisseurs pilotés, les ingénieurs responsables des liaisons au sol des Ford européennes travaillant à Lommel, en Belgique, ont réussi à offrir un excellent compromis. La Capri digère les raccords et bosses en les survolant, un peu à la manière d’un toucher typiquement Citroën. Mais tout en assurant une inscription en courbe incisive et un maintien de caisse efficace. Cerise sur le gâteau : la Capri conserve la propension à enrouler les virages lors des levers de pied typiques des Ford (les autres modèles basés sur la plateforme MEB sont nettement moins joueurs…). Et même à assurer de légers survirages de puissance lors des relances sans affoler les béquilles électroniques. Bref, on s’amuse vraiment au volant de cette Capri (surtout en AWD dont le moteur électrique avant permet de limiter encore plus drastiquement le recours aux béquilles électroniques pour stabiliser le véhicule). Seuls petits bémols : la direction reste un peu trop assistée (mais le rendu est assez naturel) et surtout la pédale de frein manque cruellement d’attaque et de consistance. Elle est trop molle et spongieuse…

Prix

Prix Ford Capri 2024

Ford propose sa Capri en deux niveaux d’exécution : Capri et Capri Premium. La différence de prix, à motorisation équivalente, entre les deux versions est fixée à 3.700 €. Bonne nouvelle : la Capri « de base » comprend déjà un équipement de série très complet. La montée en gamme entre les deux versions comprend principalement l’éclairage LED matriciel, des jantes de 20 pouces, le hayon électrique, un intérieur en Sensico et l’installation audio Bang & Olufsen. Concrètement, cela nous donne des Capri et Capri Premium Extended Range RWD à respectivement 51.450 € et 55.150 €. Pour jouir des versions équipées de la transmission intégrale, il faut s’acquitter de montants sensiblement plus importants : 63.450 € et 67.150 €. Même si on s’est davantage amusé au volant des versions AWD, le supplément de prix plutôt conséquent nous incite à conseiller les variantes RWD Extend Range déjà largement suffisantes. Notons, dans tous les cas, que la pompe à chaleur est facturée en supplément (1.200 €) et que les pack « Driver Assistance » sont facturés 1.800 € sur Capri et 1.200 € sur Capri Premium.

Verdict

Si la Capri 2024 n’a rien d’une Capri de 1970, elle s’éloigne aussi de ses cousines du groupe Volkswagen donneuses d’organes. La Capri, même basée sur une plateforme MEB, reste une Ford. Autrement dit, un véhicule agréable à conduire et confortable. Le tout en offrant une autonomie réelle rassurante avec ses versions Extended Range.

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