Présentation
Même si le modèle n’est plus tout récent, croiser une Alfa Brera reste un moment rare. D’abord parce que l’on n’en voit pas à tous les coins de rue et ensuite parce que la ligne sculpturale continue encore et toujours de faire tourner bien des têtes… Au programme, trois moteurs, deux finitions, une boîte manuelle et deux boîtes automatiques (robotisée pour la 2.2 JTS ou purement automatique pour la Q-Tronic de la version V6).
Moteur
Depuis les origines, Alfa Romeo s’est construit une solide réputation de motoriste. Que ce soient les 6 ou 8 cylindres en ligne d’avant guerre ou les petits 4 en ligne double arbre d’après guerre, tous montrèrent une incroyable capacité à monter en régime dans une sonorité des plus évocatrices. Il balbiero, comme aiment l’appeler les fanas de la marque, est ici un quatre cylindres de 2.2 l… d’origine GM ! Toutefois, pour ne pas s’attirer les foudres des puristes, les ingénieurs transalpins ont retravaillé le haut-moteur. Au banc, ce moteur fournit 185 chevaux à 6.500 tr/min et 230 Nm dès 4.500 tr/min. Des valeurs franchement honorables pour la cylindrée.
Inutile de tourner autour du pot, ce moteur n’arrive pas à retransmettre l’agrément qui faisait le charme de ses aînés. Certes, les quatre sorties d’échappement distillent une sonorité travaillée (mais très – trop – étouffée) et les montées en régime se font valeureuses, mais la rage et le caractère n’y sont plus. Alors bien sûr, la masse de l’ensemble (près de 1,5 tonne) y est pour quelque chose, mais le moteur en lui-même se montre trop linéaire et jamais, ne déclenche le frisson…
Reste le cas de la boîte robotisée : là encore, l’agrément est très perfectible. En cause, des changements de rapports trop lents, une propension de l’embrayage piloté à patiner exagérément lors des démarrages et quelques à-coups pas spécialement agréables. Il existe bien un mode sport qui réduit sensiblement les temps de passage, mais sans vraiment se montrer convaincant. Enfin, comme souvent sur les boîtes robotisées, autant oublier le mode automatique, à la gestion perfectible. A noter que les vitesses peuvent être changées depuis les palettes situées derrière le volant ou depuis le levier, qui se manipule dans le bon sens. Comprenez par là, qu’il faut tirer sur celui-ci pour passer le rapport suivant, et le pousser pour rétrograder.
Tenue de route
Très rigoureuse et montée sur des suspensions assez sèches, la Brera est d’une stabilité impressionnante. Sûre, rassurante et efficace, mais pas spécialement amusante ou gratifiante. Que ceux qui aiment contrôler leurs trajectoires à l’accélérateur passent leur chemin, la Brera vire sur des rails et rien ou presque, ne peut l’en faire dévier ! Bref, là encore, le caractère joueur d’un coupé Bertone est à des années lumières ! Au moins la direction est-elle idéalement calibrée et le freinage puissant et facile à doser !
Confort
C’est à ce chapitre-ci que les choses se dégradent. La suspension est, on l’a dit, assez sèche (rien d’extrême toutefois), tout comme les sièges. L’habitabilité avant est correcte, sans plus et devient ridicule à l’arrière ! Les places arrière servent plutôt de place de secours pour petites personnes sur de très petits trajets (expression consacrée) ou, de manière plus réaliste, d’espace d’appoint pour les bagages. Pour caser ces derniers, le coffre, au seuil bien trop haut, offre un volume de 300 litres, qui peut grimper à 610 si les sièges arrière sont rabattus.
Autant revenir aux places avant, où le conducteur se voit accueilli par une kyrielle de manomètres rédigés en Italien ! Question ambiance, Alfa a vu juste ! Même si l’ensemble est repris de la 159, la saveur latine qui s’en dégage est des plus agréables. La qualité est en très net progrès, tout comme la finition. En progrès, mais pas encore au meilleur niveau, comme en témoignent les vis apparentes, quelques plastiques de qualité moyennes et les assemblages pas toujours réguliers.
Enfin, l’insonorisation mécanique est très – trop – réussie et ce sont surtout les pneus qui chahutent sur autoroutes. A vitesse autoroutière, quelques bruits de vent se font également percevoir.
Tarifs et équipement
Si la Brera 2.2 JTS, la Brera de base en somme, est disponible à partir de 32.250 € ; pour obtenir la boîte Selespeed, il faut d’office passer par la finition Sky View, qui comprend le toit panoramique. Cela fait grimper la note à… 36.000 € ! Soit le prix exact d’une Audi TT 2.0 TFSI avec boîte S Tronic (ancienne DSG), autrement plus convaincante que la Selespeed !
L’Alfa peut en revanche se targuer d’un équipement plus complet : outre le toit panoramique déjà cité, la Brera Sky View offre le cruise control, huit haut-parleurs, l’ordinateur de bord, la radio MP3, la climatisation automatique dualzone, les jantes de 17 pouces,… En ce qui concerne les options, Alfa propose la sellerie cuir pleine fleur à 2.125 €, les phares bi-Xénon à 600 €, le chargeur 10 (!) CD à 430 €, l’alarme volumétrique et anti-soulèvement à 500 €,…
Enfin, la consommation n’est pas des plus économiques, avec une moyenne de 12 l/100 km. En terme d’émissions de CO2, cela nous donne 221 gr/km.
Conclusion
Si la Brera ne manque pas de caractère esthétique, on reste un peu sur sa faim en ce qui concerne la mécanique. Trop lourde, elle ne parvient pas à ressusciter le caractère joueur qui a fait la renommée de ses ancêtres. Quant à la boîte Selespeed, sa gestion perfectible nous fait dire que mieux vaut se rabattre sur la commande manuelle, très plaisante au demeurant.