La XB12Scg reprend l’architecture des XB12S bien connues, avec une selle redessinée pour culminer à 726mm soit 4 cm plus bas. Les suspensions sont raccourcies, leurs débattements se réduisent de 120 à 74 mm pour l’avant et de 129 à 90 pour l’arrière, soit le minimum syndical! Le centre de gravité descend de facto lui aussi. Pour le reste, la Scg bénéficie, comme ses sœurs pour 2007, de pneus Diablo en 1ère monte, et de carrosseries en plastique translucide du meilleur effet (comme initié sur les XB9SX City X) conjuguées à des roues en alu coulé recouvertes d’une finition "High-Gloss" translucide qui donne une profondeur extrême, en parfaite adéquation avec le faux réservoir et le saute-vent translucides. Nous aimons beaucoup, mais le faux réservoir de notre modèle d’essai était fort griffé là où il entre en contact avec les tirettes agressives de la veste. A repolir impérativement! Le droit à la différence Les Buell ne se différencient pas seulement de la production actuelle par leur translucidité, mais plutôt par une impressionnante accumulation de particularités techniques souvent exclusives à la marque initiées par un ingénieur-pilote passionné, Erik Buell. Faut-il encore parler des "obsessions" du maître: rigidité du cadre, centralisation des masses, réduction du poids suspendu? Résultat? Un cadre incroyablement compact, contenant 14,5 litres d’essence, et enserrant au plus juste un bicylindre en V de 1203cc issu des Sportster Harley, un bras oscillant du même tonneau, mais ici rempli de l’huile du moteur, un silencieux sous le moteur pour centraliser les masses et abaisser le centre de gravité. Le pot d’échappement est équipé d’une valve pilotée par le module de commande électronique du moteur. Le système permet, comme sur certaines Harley depuis cette année, de répondre aux normes de bruit et d’émission de gaz, tout en libérant la puissance à haut régime. D'autres spécificités complètent le tableau: une courroie de transmission qui ne nécessite ni entretien, ni remplacement, un disque de frein avant de 375mm fixé sur le pourtour de la jante, et pincé par un étrier à six pistons, qui escamote les efforts de torsion sur la roue avant, ce qui permet d’alléger celle-ci un maximum, allègement accentué par la disparition du deuxième disque et de son étrier. Comme autre originalité, relevons le moteur monté sur des fixations "Uniplanar" qui réduisent les vibrations mais permettent toutefois au bloc de participer à la rigidité du cadre. Pas mal, non, pour une seule moto? Buell attitude La Buell ne ressemble à aucune autre structurellement, et ces choix se traduisent esthétiquement, là non plus la Buell ne ressemble à aucune autre. Inutile de vous dire que la Buell préserve son originalité et son identité à la conduite: là non plus la Buell ne ressemble à aucune autre! Pas étonnant, avec un angle de chasse de 21° et un empattement de 1320mm… Déjà, assis sur la moto, on se demande ce qui nous arrive, avec l’impression d’être posé sur la roue avant. Surprenant ! Un coup de démarreur et le V-Twin s’ébroue, dans un bruit inimitable, avec tout ce qu’il faut comme vibrations malgré la fixation souple. Passer la 1ère nous fait mesurer le travail accompli sur la transmission: verrouillage précis, embrayage ne nécessitant pas trop de poigne, la transmission n’a guère à envier à la concurrence. Le moteur affiche beaucoup de bonne volonté à bas régime, reprenant dès 1.500 à 2.000 tr/min sans rechigner pour monter jusqu’à la zone rouge à 7.000 tr/min, ce qui laisse une plage très exploitable. La magie du V-twin Résultat: la Buell arrache les bras à chaque rotation de la poignée de gaz, dans un joyeux grondement. Quelle pêche! Nous n’avons pas sorti les chronos, mais les sensations sont bien là, le plaisir aussi! Des tempéraments comme celui-là, on en redemande. Le bonheur est dans le couple, aucun doute là-dessus! La Buell révèle déjà son potentiel en ville, malgré deux défauts rédhibitoires débusqués sur ce terrain de jeu particulier: un rayon de braquage de camion, qui limite son agilité, et qui risque même de mettre son pilote en difficulté lors de manoeuvres, et une progression chaotique à très basse vitesse. La 1ère tire long et les à-coups de l’injection secouent la moto et ses occupants comme un prunier! Dès que le rythme s’accélère, la progression se lisse et le moteur répond présent à la moindre sollicitation, toujours avec cette poussée franche et ce grondement si sympa! Il vaut mieux aussi éviter l’autoroute, où les roadsters n’ont guère leur place. Un passage obligé nous confirme que la protection est aussi limitée que les dimensions de la Buell et que celle-ci se montre un peu "nerveuse" au-dessus de 180 km/h. Catapulte A vérifier lors d’un prochain essai, nous n’avons pas ce souvenir des autres Buell qui nous sont passées entre les mains. Mais, raisonnablement, est-elle vraiment faite pour ça? Non. Le fun, c’est de l’emmener sur des routes variées, de rouler sur le couple qui vous catapulte d’un virage à l’autre, sans devoir chercher le bon rapport, ou vous cantonner au bord de la zone rouge. On ne s’en lasse pas, jamais! Il faut toutefois bien assimiler son mode d’emploi, sous peine de surprises. N’espérez pas entrer trop vite en courbe et improviser une fois dedans. La moindre sollicitation du frein avant redresse la moto immédiatement! Mieux vaut rentrer plus calmement et mettre la sauce pour s’arracher du virage. Le couple est bien présent, mais ne déboule pas comme un sauvage au risque de faire perdre son adhérence à la roue arrière. Réellement cette moto apporte beaucoup de satisfaction. S’il n’aime pas être sollicité en virage, le frein avant développe l’air de rien une fameuse puissance de décélération. Avec le transfert des masses sur l’avant, il devient possible de faire dériver l’arrière en s’aidant du frein arrière pour basculer plus vite la moto dans les virages serrés. Les Buell restent des formidables machines à plaisir! Ce qu'en dit mon petit cousin… Dommage qu’elles soient toujours affublées d’éléments périphériques indignes d’elles, comme le tableau de bord dont nos petits cousins ne voudraient pas sur leurs scoots, ou de commandes dont on se demande la provenance… Avec une autonomie réduite, et des aspects pratiques escamotés (encore que nous avons réussi à arrimer un sac sur le moignon de selle!) ce sont sans doute ses seuls défauts puisque, même avec des débattements fortement réduits, elle arrive encore à rester plus confortable que d’autres! Bon allez, on l’avoue: on aime bien les Buell! ©Bruno Wouters