Après avoir détaillé les dix grandes erreurs à éviter au moment d’acheter un véhicule ancien, reste maintenant à savoir comment entretenir sa perle rare. Si on recoupe toutes les vieilles rengaines que l’on entend au sujet de l’entretien des véhicules anciens, on se retrouve avec de fameux paradoxes : « Une mécanique simple mais aux pièces impossibles à trouver ? » Ou encore : « un entretien à la portée du premier bon bricoleur venu, mais des réglages que seuls quelques spécialistes peuvent assurer ? » Nous avons voulu trancher une bonne fois pour toutes en demandant l’avis de professionnels…
Quel budget annuel faut-il prévoir pour l’entretien d’une voiture ancienne ?
Nous nous attendions à une réponse très vague, mais Maxime Slegers du garage SLG débroussaille facilement : « il faut idéalement prévoir un budget annuel de 1.000 euros. Bien sûr, c’est excessif, mais cela permet d’accuser le choc lorsqu’il y a une mauvaise surprise. L’entretien en lui-même ne coûte pas grand-chose : un peu d’huile, quelques filtres… Le gros poste, ce sont les surprises sur lesquelles on va tomber ou lorsqu’il y a une défaillance technique. D’une année à l’autre, on peut donc avoir des factures très différentes. En prévoyant mille euros par an, et à moins d’avoir une épave ou d’avoir jeté son dévolu sur un véhicule très exclusif, vous êtes globalement préservé : on peut avoir une facture de 250 euros une année et une autre de 1.200 euros l’année suivante, parce que le système de refroidissement, par exemple, a décidé entre-temps de déclarer forfait ! En reportant le surplus du budget d’une année sur l’autre, vous serez préparés ».
Acheter une voiture en parfait état, cela permet-il de réduire la note ?
A première vue, on pourrait se dire qu’acheter une voiture en parfait état devrait nous mettre à l’abri des mauvaises surprises, du moins pour quelques années. Est-ce réellement le cas ? Eh bien… Oui, bien entendu, mais ce n’est pas forcément acquis d’avance. Maxime précise : « J’ai le cas d’un client qui est venu pour l’entretien d’une Triumph TR6 qu’il venait d’acheter. La voiture était très belle et profitait d’un large dossier de remise en ordre chez un professionnel reconnu. Pourtant, à la vidange de la boîte, nous avons découvert une dent de pignon. Il a donc fallu sortir la boîte pour tout réviser. L’année suivante, c’est sa pompe à essence, pourtant récente, qui a lâché. C’est évident, acheter une voiture en parfait état limite les mauvaises surprises, mais cela ne vous met pas complètement à l’abri de toutes défaillances… A contrario, quelqu’un qui a d’abord acheté ‘un prix’ plutôt qu’un ‘état’, est très exposé à de gros frais de remise en ordre ! Et cela pourrait, au final, lui coûter bien plus cher que s’il avait acheté une voiture en parfait état dès le début… »
Les pièces, est-ce réellement un cauchemar pour les retrouver ?
A ce sujet, tout dépend du modèle ! En ce qui concerne les Anglaises et de nombreuses Allemandes, la situation est plutôt bonne : les professionnels sont nombreux et les refabrications aussi. Mais attention toutefois à la qualité de ces pièces neuves, souvent usinées en Chine ou à Taïwan et qui ne valent souvent pas la qualité d’origine. Pour les modèles plus exotiques, ça devient évidemment nettement plus corsé. « Il faut alors se réfugier sur le marché de l’occasion, avec des prix et de la qualité très variables… ». Maxime met toutefois en garde : « ce qui compte, au moment de l’achat, c’est que la voiture soit complète. Les pièces qui ne s’usent pour ainsi dire pas, comme certaines pièces d’accastillage ou un tableau de bord, peuvent être très complexes à retrouver ! ».
Faire l’entretien soi-même, le bon plan ?
C’est toute la question. Effectivement, vous évitez le coût de la main d’œuvre. Une vidange, sur ce genre de véhicule, c’est souvent à la portée du premier bon bricoleur venu ! Mais attention : l’entretien ne se limite pas à changer l’huile : « le plus important, c’est la vérification de tous les organes mécaniques, à commencer par tout ce qui relève de la sécurité », précise Maxime. Et c’est là que ça devient plus compliqué : avez-vous l’œil suffisamment expert que pour détecter une défaillance et y remédier ? Et enfin, attention aux connaissances qui s’autoproclament expertes en réglages : « confier le réglage de ses carbus à un copain qui dit qu’il s’y connait, attention ! Si c’est pour ensuite se retrouver avec une voiture qui tourne sur deux cylindres et devoir la confier à un pro, cela risque d’alourdir la facture… » Un client averti en vaut deux…