Petit retour sur le Salon de Genève 2012. Bentley y présente un concept-car, l’EXP 9. Il s’agit d’un prototype annonciateur du futur SUV de la marque. Si la démarche choque quelques-uns, le style, pour sa part, est très loin de faire l’unanimité ! Pas de prise de risque inutile donc, Bentley s’est largement assagi lorsqu’il a dessiné le modèle de série. Trop, peut-être ? En effet, ce n’est qu’à sa calandre et à… ses dimensions que l’on reconnaît la patte de la marque. Vu de l’arrière, le Bentayga semble en effet assez fade…

Une base prolétaire ? Pas exactement…

Certes, il ne fait aucun doute que la plateforme du Bentayga soit partagée avec l’Audi Q7 et qu’elle le sera également avec les futurs VW Touareg et Porsche Cayenne. Mais Bentley a largement retravaillé les entrailles et nous dévoile ici une technologie d’avant-garde. Le circuit électrique est doublé par un système en 48 Volts qui contrôle notamment les barres antiroulis actives, à l’instar du récent Audi SQ7. De plus, la suspension pneumatique profite de réglages spécifiques pour assurer un confort de « tapis roulant » à l’ensemble.

L’équipement suit cette tendance « high-tech », avec toutes les dernières aides à la sécurité, à l’instar de l’assistant de conduite dans les embouteillages. Le Bentayga est le modèle le plus sophistiqué de la marque ! Si Bentley place la barre le plus haut possible, c’est parce qu’il sait que sa position sera fragilisée par de nouveaux arrivants, à l’instar des futurs SUV Lamborghini et Rolls-Royce !

Habitacle

Une fois n’est pas coutume, l’habitacle semble nettement plus réussi que le style extérieur. Et c’est tant mieux, finalement, car le Bentayga, plus que tout autre automobile, se vit de l’intérieur. Un intérieur tapissé de cuir du sol au plafond, profitant de moquettes épaisses et d’une finition au meilleur niveau alternant de splendides essences de bois, du chrome et quelques touches métalliques.

Une question de goût ?

A la condition de bien choisir ses teintes (tout est possible, le meilleur comme le pire), le tout peut se montrer très chaleureux. Alors, oui, bien sûr, on y voit encore quelques réminiscences d’Audi, du côté des commandes notamment … Cela n’empêche toutefois pas ce Bentayga d’être le plus luxueux SUV à ce jour. Et puis, il y l’odeur caractéristique du cuir qui envoûte les narines. C’est ça aussi, une Bentley !

Le luxe, c’est aussi l’espace et le Bentayga n’en manque naturellement pas. Surtout à l’avant ! Les passagers arrière sont confortablement installés, mais on connaît plus généreux, question habitabilité. Bien entendu, si le Bentayga propose 5 (ou 4) places, il n’offre pas de troisième banquette… La seconde classe n’a pas sa place ici ! Le coffre, en revanche, a de vraies allures de soute à bagage !

W12

Sous le capot, Bentley n’y va pas par quatre chemins. Pour éliminer toute idée de concurrence, la vénérable marque britannique a déposé son pantagruélique W12 sous le capot ! Un moteur pharamineux, d’une cylindrée de 6 litres, alimenté par deux turbos et développant 608 chevaux pour un couple de 900 Nm ! Avec de telles valeurs, le Bentayga affiche des chronos de sportive : 301 km/h et de 0 à 100 km/h en 4,1 secondes.

Sur la route, le résultat est stupéfiant. En silence, sans esbroufe aucune, le moteur fait fi de toute considération physique et pousse l’ensemble avec une vigueur qui vous plaque gentiment au siège. L’aiguille du compte-tours frémit à peine… Vous avez le pied très lourd ? La boîte rétrograde prestement, le W12 mugit en sourdine et une main géante vient catapulter le colosse droit vers l’horizon, avec une force démentielle ! Incroyable !

Il peut tout faire !

Le plus surprenant, c’est que cette cathédrale roulante s’accommode de tous les types de conduite. Maintenant efficacement la caisse en virage, la Bentley efface les irrégularités de revêtement pour mieux isoler ses occupants. Outre le mode « normal » (majestueusement rebaptisé « Bentley »), le Bentayga propose divers modes de conduite : confort (un peu trop d’ailleurs, pour les estomacs sensibles), Sport (contre-nature pour un engin de ce genre, n’est-il pas ?) et… quelques modes dédiés à la conduite en tout terrain ! Ne riez pas, le Bentayga est loin d’être ridicule dès que vous quittez les sentiers battus ! Mais nous l’admettons, il est beaucoup trop chic que pour se risquer dans la boue…

En dépit d’une motorisation herculéenne et d’une partie châssis remarquablement pensée, le Bentayga se destine essentiellement au « cruising », principalement sur autoroute où il y affiche une maîtrise absolue. Le silence y est d’or, l’amortissement vous berce et la stéréo gratifie vos oreilles d’un son exceptionnellement pur. En dehors, sur nos petites routes provinciales, il semble vite hors dimensions, avec ses 5,14 mètres de long et ses 2 mètres de large. Alors, on ne vous raconte pas en ville…

Budget

Non, ce n’est pas aussi catastrophique que prévu ! Le prix de base est affiché à 215.000 €. De manière plus réaliste, avec quelques options bien ciblées, n’espérez pas vous en sortir pour moins de 230.000, voire 250.000 €. Un tarif très costaud, certes, mais à relativiser en prenant en compte le tarif d’une Mulsanne et la technologie ici embarquée. Pour la petite histoire, il est possible d’opter pour une horloge « tourbillon », un sommet d’horlogerie facturé… 181.500 € ! Seule une poignée de Bentayga en sera équipée.

A la pompe, le W12 étonne : conduit comme il se doit, soit avec souplesse et sur des itinéraires roulants, notre Bentayga n’a pas réclamé plus de 13 l/100 km. Un passage en ville ou un pied droit plombé fera voler la consommation à plus de 18 l/100 km.

Conclusion

Plutôt que de répondre à la question très philosophique « Est-ce une vraie Bentley ? », nous dirons que le Bentayga est, en toute simplicité, le meilleur SUV jamais réalisé. Ou du moins, si nous nous basons sur les critères habituels (finition, confort, performances…). Extraordinairement compétent dans toutes les circonstances, il est pourtant principalement à l’aise sur nos grands axes, où il y fait étalage de sa suprématie. On le sent en effet étudié pour les grands espaces du Moyen-Orient, où son W12 peut respirer plus librement. Quant à notre marché, il se délectera sans doute de l’arrivée du V8 diesel (qui a dit « shocking ?) ou du V6 hybride… Cela n’empêche pourtant pas le modèle actuel de se vendre comme des petits pains !