Alors, c’est sûr, des comme ça, on n’en fait plus ! A moins, peut-être, de lorgner du côté des curieuses « Key Cars » japonaises… Concrètement, la MG Midget se présente comme une MGB en réduction. Un style classique et élégant, mais qui ne demande que… 3,5 mètres de long pour s’exprimer ! Les dimensions sont en effet lilliputiennes : 1,35 mètre de large et 1,25 mètre de haut (avec capote)… Vous devriez bien avoir une petite place pour ça dans votre garage, non ?
Bref historique
En ce début des années 1960, MG cherche à diversifier sa gamme et à proposer un produit moins onéreux que sa très belle MGA. Et la solution, le constructeur la trouvera… dans sa propre usine ! En effet, c’est là qu’est produite l’Austin-Healey Sprite « Frogeye », une micro puce mue par un moteur BMC (British Motor Corporation). Lors du facelift de cette dernière en 1961, c’est décidé, l’Austin-Healey Sprite se dédoublera en une version MG Midget. Les deux sœurs seront rigoureusement identiques, à quelques chromes près, la MG étant la plus « chic » des deux.
Au fil des années…
La carrière de la MG sera inhabituellement longue, puisque la petite Anglaise sera commercialisée jusqu’en… 1980 ! Entre-temps, bien évidemment, elle aura connu diverses concessions au confort (chauffage, vitres descendantes, capote rabattable…) et vu ses motorisations prendre en cylindrée et, accessoirement, en puissance. Le look évoluera aussi subtilement jusqu’en 1975, date à partir de laquelle la pauvre Midget a subi la règlementation américaine, en se parant d’affreux pare-chocs en plastique. Mais cela, c’est une autre histoire…
Tour du propriétaire
Si la Midget semble à une autre échelle que les voitures actuelles, elle ne manque pas d’élégance. Les chromes encore bien présents sur cette version MK 2 de 1964 lui donnent même un côté BCBG que l’on ne lui soupçonnerait pas…
Gymnastique matinale
Dans l’habitacle, on a vite fait le tour. Les mignons petits sièges baquet tendus de cuir sont plus esthétiques qu’ergonomiques. Qu’importe ! Mais y accéder demande une légère gymnastique, l’ouverture de la porte étant vraiment très réduite. Avec la capote en place, c’est pire : apprenez alors à courber l’échine ! Autant oublier la capote d’ailleurs, d’autant que son montage est assez poétique (sur ces premières versions) et que l’étanchéité est carrément farce !
Circulez, y a rien à voir…
Une fois installé, l’espace est plutôt étonnant. Mais côté équipement, la Midget fait vraiment dans le minimum syndical : il n’y a rien ! Et encore, nous sommes gâtés avec cet exemplaire doté du chauffage optionnel ! Mais pour profiter de ce « confort », penser à manœuvrer le robinet situé derrière le moteur… Vous avez dit « ergonomie » ? Oubliez : les commandes sont parsemées sur la planche de bord avec un mépris absolu pour la clarté d’usage ! C’est cela aussi, le charme…
Moteur
Si elle a commencé sa vie avec un petit 4 cylindres de 954 cm³ de 46 ch, la Midget grimpera rapidement en cylindrée jusqu’à atteindre 1275 cm³ et 65 ch. Les dernières versions seront équipées du fragile Triumph 1.5 l. Notre monture, comme toutes les MK2, est équipée d’un moteur de 1098 cm³. Un moteur bien connu des Morris Minor, Mini et autres MG 1100. Avec deux carburateurs SU et un échappement libéré, MG aura ici réussi à lui extirper 59 chevaux.
Le tout est associé à une boîte à 4 vitesses qui transmet la « puissance » sur les roues arrière. Mais ne riez pas trop vite : non seulement, la chose n’accuse que 675 kg sur la balance, mais en plus, le pont très court promet des accélérations démoniaques ! Enfin…
Vrop-vrop-vrop
« Tic-tic-tic », la pompe à essence a fini de gaver les cuves des carburateurs. Un coup de « choke », un coup de clé et Vraop ! Le moteur se met en branle dans une sonorité évocatrice et un parfum garanti d’époque ! Incroyable comme ces Anglais parviennent à tirer des notes sportives de moteurs ultra archaïques…
Une fois bien en température, la voiture fait preuve d’une vivacité stupéfiante ! Dans un ronflement sourd évocateur, la MG accélère assez prestement et n’est pas – trop - larguée par la circulation actuelle. Très moderne, elle fait oublier son âge : les commandes sont très douces, la boîte se manipule sans y penser (hormis pour la première vitesse, dénuée de synchro) et la direction affiche une précision chirurgicale ! Mieux : la Midget n’est pas le tape-c** souvent décrié et affiche un surprenant confort de suspension.
Un kart !
L’expression est galvaudée, mais promis, cette Midget, ça roule vraiment comme un kart ! Une pichenette sur le volant et hop, la belle engage dans les courbes avec un enthousiasme réjouissant. Le couple du moteur et le pont très court permettent de s’extirper sans devoir jouer du levier. Une immense banane vient garnir votre visage, alors que vous ne faites vraiment plus qu’un avec cette vrombissante petite chose qui donne l’impression de rouler bien plus vite qu’en réalité. Parfait, en ces temps-ci !
Conseil : évitez les autoroutes et voies rapides. Ça tire tellement court qu’elle s’époumone à des régimes qui ne sont pas faits pour elle. Vives les petites routes ! Un détail toutefois : pensez à anticiper et à garder vos distances, le freinage étant garanti d’époque !
Budget ?
Produite à plus de 260.000 exemplaires, la Midget n’est pas rare. La version MK2 qui nous occupe, ne fût toutefois produite qu’à 26.000 exemplaires. Encore épargnées par la folie spéculative, les Midget et Sprite se trouvent encore à moins de 13.000 € en bel état. Les modèles à conduite à droite valent logiquement moins, alors que les dernières 1500 s’échangent à moins de 8.000 €. Du côté des pièces détachées, quasiment tout se trouve, à des prix très démocratiques qui plus est. Un vrai bonheur ! Mais attention à la qualité des refabrications…
Entretien
Comme toutes les voitures de cet âge, la Midget demande un entretien suivi. Un bon bricoleur pourra toutefois s’en charger : vidange moteur/graissage tous les ans/5.000 km, de la boîte et du pont tous les 20.000 km. Pensez également à vérifier régulièrement les niveaux, la chose étant un brin impotente… Ne paniquez pas, c’est d’origine ! Vidangez aussi régulièrement les fluides.
Pour le reste, la Midget est exempte de grosse tare. Certes, elle rouille, comme toutes les voitures de son âge et elle ne supporte pas les hauts régimes, comme la majorité des Anglaises… Quant au circuit électrique, ne sous-estimez surtout pas les caprices dont il est capable ! La consommation ? Ridicule : entre 6 et 8 l/100 km !
Conclusion
Foncez ! On ne vit qu’une fois, alors faites-vous plaisir avec cette petite chose tant qu’elles se trouvent encore à des prix abordables ! Vive, légère et maniable, la Midget présente la clé de voûte pour tout amateur de conduite qui se respecte. Et de plus, elle englobe le tout d’une robe élégante et sait se contenter de peu ! Oui, il est possible de se faire plaisir avec un ancêtre sans se ruiner…