Le départ est donné (sous la pluie) à Beaumont, lieu de rendez-vous prisé par de nombreux motards. Nous prenons la route en direction de Chimay, pour franchir la frontière à Regniowez et filer en direction de Signy l'Abbaye en passant par Mon Idée et Rumigny. Première escale à Signy l'Abbaye, où nous décidons de fuir la pluie, le temps d'un repas à l'auberge de … l'Abbaye! La Goldwing fut revisitée à l'occasion du millésime 2012. Le vaisseau amiral de la firme nippone arbore  dorénavant une ligne revue de la proue à la poupe, faisant jouer le bleu métallique "Glint Blue Wave Metallic" avec l'alu du cadre, le gris métallisé des flancs et le chrome des échappements. Les nouveaux traits, sans renier les millésimes antérieurs, améliorent la protection des occupants et la stabilité, grâce à une traînée aérodynamique soignée. Sur le plan dynamique, la "Gold" peut compter sur une technologie raffinée, avec son cadre en alu, son freinage combiné avec ABS, ou sa suspension arrière électro hydraulique réglable, avec fonction de mémorisation à deux positions. Nous reprenons la route avec enthousiasme, malgré la pluie qui s'obstine et le ciel uniformément gris.

421 kg? Où ça?

Le comportement de la Goldwing, impérial, met en confiance et les petites départementales se parcourent avec d'autant plus de plaisir que la protection offerte par cette moto dépasse tout ce que nous connaissons! Nous évitons la D985 qui descend sur Rethel pour tirer un plus à l'ouest par Lalobbe, Wasigny et Sery où nous reprenons la D3 vers Château Porcien. Petites routes désertes, villages charmants, propriétés magnifiques, nous nous régalons de l'équilibre parfait de ce mastodonte qui affiche tout de même 421kg tous pleins faits sur la balance. 421kg? Mais où sont-ils? Cette moto fait preuve d'un équilibre et d'une agilité bluffants, dans un confort qui permet de rouler des jours durant sans crier grâce. Le GPS embarqué, d'origine Garmin, nous a permis d'y injecter l'itinéraire établi tranquillement à la maison avec le programme Garmin Base Camp, et nous enchaînons sans stress les changements de direction sur les plus petites départementales et les plus petits hameaux. Seul bémol, un reflet gênant sur l'écran, qui nuit à la lisibilité.

Equipements: no limits!

Nous ne profitons que peu de l'excellente installation stéréo de 80 watts à six HP dont est équipée notre moto, de peur d'en faire profiter toute la campagne environnante. Ceci dit, sur autoroute nous avons eu moins de remords et avons pu apprécier sa puissance, puisque la radio reste audible, même à des vitesses interdites… Notons encore pour être complet que le système est compatible iPod, avec une prise USB. La pluie ne nous quitte pas et après Roizy, en nous dirigeant vers Fresnes-Les-Reims puis Villers Franqueux, Pouillon et Merfy,   nous profitons du confort qu'apportent la selle et les poignées chauffantes. Nous avions décidé de parcourir le tracé du circuit de Reims-Gueux, un circuit routier abandonné depuis une quarantaine d'années.

Champagne!

Damned! Des travaux sur l'itinéraire. Nous loupons l'étape, pour continuer vers notre point de chute, le Château de Cuisles, où nous attendent Sébastien Pascal et son épouse. Direction Vrigny, Bligny, Chaumuzy, Cuchery (j'adore le nom de ce patelin!) pour enfin arriver à destination. La Goldwing a réussi à rendre cette randonnée aquatique malgré tout fort agréable par son incroyable confort et sa redoutable efficacité, même sur les plus petites départementales. Après un repas bien arrosé au champagne, un feu d'artifice offert par la ville de Cuisles, suivi d'une nuit réparatrice, nous découvrons avec délice le lendemain matin un ciel bleu et un soleil radieux. Le retour se présente sous les meilleurs auspices! Mais auparavant, il s'agit de charger notre Goldwing de cet excellent champagne produit par notre hôte.

Champagne, encore!

Une première caisse de six bouteilles atterrit (sans son carton) dans la valise droite, les bouteilles plus ou moins "calées" par les combines anti-pluie heureusement inutiles aujourd'hui. Une deuxième caisse prend le chemin de la valise gauche. Puis une troisième, répartie entre les deux valises. Il reste encore un peu de place, de quoi sans doute vider un quatrième carton, mais nous décidons de poser celui-ci dans le top case, accompagné de nos bagages. En bataillant un peu et en mettant aussi les bouteilles en vrac dans le top case, nous aurions pu sans doute embarquer six cartons, mais nous nous contenterons cette fois-ci de vingt-quatre bouteilles, ce qui n'est déjà pas si mal, même si la capacité de chargement totale est donnée pour 150 litres!

Séquence émotion

Il est temps de repartir, direction Gueux, pour découvrir les derniers vestiges du circuit de Reims groupés le long de la D27. C'est avec une certaine nostalgie que nous contemplons les stands qui ont accueilli quatorze fois les bolides de Formule 1, de 1950 (avec la victoire de Fangio sur une Alfa Romeo), jusqu'à 1966 avec Jack Brabham sur une Brabham-Repco. On compte encore parmi les vainqueurs sur ce tracé particulièrement rapide Mike Hawtorn et Peter Collins sur Ferrari, ou Jim Clark sur Lotus-Climax. Autre épreuve mythique accueillie en ces lieux, les 12h de Reims, courues de 1953 (Stirling Moss-Peter Whitehead sur Jaguar C) à 1967 (Jo Schlesser-Guy Ligier sur Ford MKII B). On se croit replongé dans un vieux Michel Vaillant en parcourant les paddocks, tellement éloignés de ce que nous connaissons actuellement! Nous reprenons la route vers le Nord, non sans ajuster la pré-charge de la suspension: le poids de nos bouteilles le réclame pour retrouver le comportement impérial de notre monture! Nous repiquons sur Fismes avant de remonter vers Laon par la D967.

La coupe aux lèvres…

Le temps radieux nous fait vite oublier la pluie de la veille au guidon de la Goldwing, décidément très joueuse. La passagère de notre compagnon de route, un peu barbouillée par les mouvements de sa BMW 1200 GS, tente sa chance sur la Goldwing, et ne l'a plus quittée, choyée qu'elle était sur cette selle pullman qui tient plutôt du fauteuil de salon, avec son dossier et ses accoudoirs! La souplesse et la disponibilité du flat six de 1800cc permet de rester en cinquième depuis 40 km/h jusqu'à la vitesse maxi sans changer de rapports, ce que l'estomac un peu tourmenté de notre passagère occasionnelle a particulièrement apprécié, nous en voulons pour preuve l'appétit avec lequel elle dévora son repas à Laon, place du Général Leclerc. A peine le temps de jeter un coup d'œil à la Cathédrale et aux extraordinaires points de vues qu'offre la situation haut perchée du vieux centre ville, que nous rejoignons à nouveau la D967 que nous suivons jusqu'à Bavay, terme de notre équipée.

Déjà? Mais je n'ai pas fini!!

Il ne reste plus qu'à rendre la Goldwing à son propriétaire, un dernier trajet autoroutier vers Honda Belgique, en profitant une dernière fois du GPS, du cruise-control et de la sono, en nous réjouissant par la même occasion de ne pas avoir pu tester l'airbag, un équipement que seule la grosse Honda propose à ce jour! Terriblement efficace et attachante, la Goldwing ne pêche finalement que par des broutilles dues à son âge, le millésime 2012 n'étant jamais que l'ultime évolution d'un modèle né en 2001! Pas de réglage électrique du pare-brise, une ergonomie très discutable avec une quantité hallucinante de boutons qui semblent dispersés au petit bonheur la chance, la plupart rétro éclairés, mais pas tous. Pour quelle raison, mystère! Une boîte de vitesses à la commande perfectible aussi, un défaut heureusement atténué par l'extrême disponibilité d'un moteur aussi puissant que souple, ce qui évite de jouer du sélecteur. Bien peu de choses, face à la somme de qualités que la Goldwing propose par ailleurs. On rêve déjà de la prochaine, avec la transmission DCT et une ergonomie aboutie!