Louis Schweitzer (ex-Renault) et Bob Lutz (ex-General Motors) se sont l’un et l’autre exprimés sur le cas Tesla durant ces dernières semaines. Le Français comme l’Américain, tous deux nés en Suisse, sont persuadés que Tesla, dans l’état actuel des choses, va droit dans le mur. Une quasi certitude due, selon eux, à la gestion fantaisiste de la marque par son patron charismatique Elon Musk.
Bob Lutz, qui détient une maîtrise en Business Administration décrochée à l’Université de Berkeley, et qui est resté aux commandes de GM durant la première décennie des années 2000, affirme que les fondements et le modèle de l’entreprise fondée par Elon Musk ne sont pas viables à longs termes. Et de préciser que « sur le plan du produit, il n’y a aucun problème. Les Tesla sont des voitures intéressantes, avec une très belle esthétique. Mais cette entreprise a contracté des dettes qui semblent sans fin. Elle n’a jamais connu un trimestre bénéficiaire, elle est en perpétuelle recapitalisation. »
Et de poursuivre que le côté « touche-à-tout » de Tesla n’est pas un gage de stabilité. Tesla produit en effet des voitures électriques mais aussi des chargeurs domestiques, est impliqué dans l’aérospatiale avec le projet SpaceX ainsi que dans un nouveau mode de transport qui consiste en un train supersonique baptisé Hyperloop. Une analyse que Louis Schweitzer partage : « Je ne parierai jamais sur l’échec d’une innovation comme Tesla, mais la probabilité que l’entreprise échoue est plus forte que sa probabilité de succès. » Et comme Bob Lutz, Schweitzer pense qu’il faut arrêter de croire que Tesla est seul à maîtriser la fée électrique. En effet, bon nombre de constructeurs commencent, eux aussi, à proposer des véhicules disposant d’une autonomie tournant autour de 500 km.
Roi de la berline de luxe… aux USA
Si les finances de Tesla sont dans le rouge, ça ne l’empêche pas d’être leader des ventes de berlines de luxe de l’autre côté de l’Atlantique. En effet, la Model S s’est mieux vendue que toutes ses concurrentes réunies sur les neuf premiers mois de l’année 2016. C’est la Mercedes-Benz Classe S qui est la grande perdante dans l’opération, avec une chute des ventes de quelque 42 % ! Et si la nouvelle BMW Série 7 se vend comme des petits pains (+ 219 % par rapport aux neuf premiers mois de 2015), la Tesla demeure au sommet du podium avec 9.156 exemplaires écoulés. La Model S détient ainsi, à elle seule, 34 % du marché des grandes routières premium sur le territoire nord-américain !