Vrôp-vrôp !
Etant moi-même possesseur d’une MGB (un coupé GT de 1970), il n’a pas fallu longtemps avant que je ne me sente dans mes pantoufles, au volant de ce cabriolet de 1970 également, faisant partie de la collection du Classic Club. De couleur vert anglais, avec les jantes à rayons peints et le volant Moto-Lita en bois, ce modèle est la caricature même de la MGB ! Petit regret, cet exemplaire est dénué de l’overdrive, sorte de cinquième rapport à commande électrique qui soulage le moteur (et vos oreilles !) sur autoroute. Il n’y a plus qu’à tourner la clé… Bon sang, quel bruit ! La ligne inox bien libérée sublime le bruit caverneux du 4 cylindres !
Stavelot
On ne le dira jamais assez, mais la Belgique recèle de coins splendides ! Pour débuter cette balade, Stavelot est une ville toute désignée ! Son histoire et sa proximité du circuit de Spa-Francorchamps lui valent la visite des passionnés. Au cœur de son abbaye, trois musées attirent le visiteur, dont celui du circuit de Francorchamps. Abritant quelques merveilles et raretés, il mérite assurément le détour ! Après cette mise en bouche alléchante, il ne nous reste plus qu’à faire ronfler la MGB, car une belle balade nous attend !
On the road again !
Lors de sa présentation en 1963, la MGB n’était déjà pas spécialement réputée pour sa sophistication. Aujourd’hui, forcément, le constat ne s’est pas amélioré : son 4 cylindres tout en fonte de 1.8 l joue les petits bras face aux moteurs à double arbre à cames en tête des Alfa contemporaines ! Pourtant, ses 90 chevaux de labour offrent des prestations honnêtes : près de 180 km/h en pointe (par vent favorable) ! Une performance pour l’époque ! Aujourd’hui, c’est surtout sa souplesse qui se laisse apprécier. Une fois en quatrième, laissez le couple agir et ne touchez plus au levier de vitesses ! Et ça tombe plutôt bien, car de Stavelot à Trois-Ponts, la route n’est pas exactement plate. Serpentant au travers de vallées successives, ce petit bout de route est à redécouvrir. A Trois-Ponts, nous empruntons la N66 en direction de Werbomont. La route est belle, le soleil brille, tout cela fait un peu cliché, mais néanmoins, il n’en faut pas beaucoup plus pour donner le sourire ! D’autant que le ronflement régulier de la mécanique incite à la balade paisible…
Du sport ?
Posée sur des suspensions semblant sortir tout droit du paléolithique, la MGB se comporte pourtant honorablement sur la route. Certes, les amortisseurs à levier n’aiment pas trop les routes bosselées, l’essieu arrière rigide s’y trémousse d’ailleurs un brin, mais dans l’ensemble, la voiture reste saine et facile à appréhender ! N’en faites pas trop tout de même et gardez en tête que la conception date d’un demi-siècle… La direction, non assistée, n’est pas trop pesante et commande un train avant assez direct ! Vous voulez plus d’efficacité ? Pas de problème, des quantités de spécialistes sont à même de vous proposer toutes sortes de modifications pour tirer le meilleur parti de votre monture !
Ferrières à Huy
Les traversées de villages typiques sont ponctuées de signes et gestes amicaux des autres usagers de la route. En dépit d’un climat autophobe persistant, l’automobile ancienne continue de plaire… D’ailleurs, on ne compte plus le nombre d’anciennes croisées sur la route, nous gratifiant au passage d’un pouce levé et d’un appel de phares ! Bercé par le ronflement grave, je constate, amusé, la danse des aiguilles dans les cadrans chromés. La route grimpe sur les collines pour mieux les dévaler sur l’autre versant, ce que la MGB accepte dans un sens comme dans l’autre, sans rechigner. Les freins ? Efficaces pour l’époque… Donc tout justes suffisants aujourd’hui ! A garder dans un coin de la tête, l’anticipation étant le maître mot. Arrivés à Huy, ne manquez surtout pas les quatre points importants : la Grand-Place avec sa fontaine de XVème siècle, la Collégiale-Notre-Dame (XIème siècle) avec sa rosace de 9 m de diamètre, le château-fort des princes-évêques (Li Tchestia) et Li Pontia, un superbe pont, hélas détruit pendant la guerre, mais remplacé aujourd’hui par le pont Baudouin.
Question technique…
Vous vous en doutez, une voiture de sport ancienne exige un entretien autrement plus contraignant qu’une sportive actuelle ! Exigeant, mais pas onéreux pour autant, car les pièces sont largement disponibles et proposées à des prix généralement très compétitifs ! Tous les 5.000 km pensez à l’entretien, avec vidange, graissage, remplacement des filtres,etc… Question disponibilité des pièces, c’est Byzance : pour peu, en partant d’une carte grise, il vous est possible de reconstruire une voiture complète ! C’est à peu près unique dans le monde des véhicules anciens. Avec une MGB, tout est possible, y compris au niveau des améliorations techniques ! Et les prix ? Comptez 15.000 € pour un cabriolet en très bel état (un peu moins pour les dernières, à pare-chocs US et un peu plus pour les tous premiers exemplaires) et environ 10.000 € pour le très chic coupé GT (7.000 € pour les modèles 74-80, à pare-chocs en plastique).
L’heure du bilan
Adulée à l’époque, la MGB n’a rien perdu de sa cote d’amour et reste toujours aussi tendance. Son élégance simple, dénuée de fioriture, sa fiabilité mécanique et son incroyable réseau de spécialistes la rendent particulièrement facile à vivre, même aujourd’hui. En bonne anglaise, vous ne serez jamais à l’abri de la petite panne ou de la tâche d’huile sur le sol du garage, mais chouchoutez-là et elle saura vous le rendre au centuple. Il existe plus sexy et plus performant, mais rares sont les voitures qui affichent une telle homogénéité et un rapport prix/plaisir/facilité d’entretien aussi percutant.