Ah la voiture électrique. Si elle n’était pas prête à débarquer sur nos routes, on se demande bien de quoi on parlerait dans le petit monde de l’automobile. Cette année 2011 marque en effet une étape importante en matière de mobilité propre. Pour la première fois, on va pouvoir acheter une voiture roulant à l’électricité chez le concessionnaire du coin. Alors, forcément, les journalistes sont à l’affût et les essais se multiplient. Citroën C-Zero/ Peugeot iOn/Mitsubishi i-MiEV, smart Electric Drive, Kangoo Z.E. Les prétendantes sont nombreuses, mais toutes les voitures citées ci-avant sont en réalité des déclinaisons électriques de modèles préexistants avec des moteurs thermiques. D’autres, comme la Chevrolet Volt ou l’Opel Ampera arrivent. Elles utiliseront un moteur thermique comme générateur d’électricité pour prolonger l’autonomie. Mais la seule familiale 100% électrique et entièrement développée comme telle est la Nissan Leaf. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si elle a reçu le titre de voiture de l’année 2011, ce millésime si particulier.
Passe-partout
La Leaf, c’est une voiture tout ce qu’il y a de plus normal. Certes, son design est un peu plus futuriste que la plupart des voitures de son segment, mais franchement, elle passe plutôt inaperçue dans la circulation. Rien à voir avec les hybrides Toyota Prius et Honda Insight. De profil, on peut lui trouver des airs de Renault Mégane, notamment dans la découpe des vitres latérales arrière. Normal : Renault et Nissan font partie de la même famille. La poupe a quelque chose de sensuel avec de belles rondeurs et des bandeaux de feux cristallins qui descendent du béquet jusqu’au seuil de coffre. La partie avant est, elle aussi, parfaitement dans l’air du temps, avec de grands phares qui s’étirent pratiquement jusqu’au pare-brise et une calandre obturée au maximum pour améliorer la pénétration dans l’air. Le logo Nissan est quant à lui fixé sur un grand cache qui dissimule les prises de rechargement.
Sapins écologiques
Relativement conventionnelle vue de dehors, la Leaf l’est aussi à l’intérieur. Les teintes sont claires afin d’éviter le réchauffement de l’habitacle et de limiter autant que possible l’usage de la climatisation gourmande en énergie. Le tableau de bord, entièrement digital, donne des indications sur le niveau de charge, l’autonomie ainsi que l’énergie dépensée ou récupérée (freinage, décélération). On a même droit à une petite évaluation personnelle sous forme de petits sapins. Pour le reste, la finition est correcte, même si de nombreux plastiques sont assez durs au toucher. Les amateurs de gadgets seront ravis d’apprendre que l’on peut vérifier l’état de chargement des batteries et programmer la climatisation depuis un smartphone ou un ordinateur.
Sous le plancher
Longue de 4,45 mètres, la Leaf a le gabarit des modèles les plus imposants du segment comme l’Opel Astra ou la Mazda 3. Son généreux empattement de 2,7 mètres permet à deux voire trois adultes de s’installer à l’arrière sans trop de problème, alors que le coffre affiche 330 litres. C’est moins que ses concurrentes à moteur thermique, mais pas mal si l’on considère que la Leaf stocke 48 modules lithium-ion de forme plate comportant chacun quatre cellules de batterie. L’avantage d’avoir été conçue et développée dès l’origine pour être électrique apparaît ici clairement. Les batteries sont implantées sous le plancher, au centre du châssis pour une meilleure répartition des masses, et n’empiètent pas sur l’habitacle.
No stress
Pour démarrer la voiture, il suffit d’appuyer sur le bouton start/stop et de déplacer le petit joystick sur la position « D » (Drive). Comme sur tout véhicule électrique, il n’y a ici qu’une seule vitesse d’enclenchement, mais Nissan propose au conducteur de choisir entre un mode « normal » pour une conduite dynamique ou « éco » en vue d’augmenter au maximum l’autonomie. Même après avoir essayé plusieurs modèles électriques, on reste pantois devant le silence absolu de ce type de propulsion. Une sensation d’apaisement et de quiétude qui a obligé les ingénieurs à traquer les bruits parasites qui deviennent audibles quand un moteur thermique n’est plus là pour les couvrir.
Elle avance !
Contrairement à la plupart des véhicules électriques essayés jusqu’ici, la Leaf ne fait aucune concession en matière de performances. Son moteur développe 109 chevaux et 280 Nm de couple disponible tout le temps, de quoi la propulser de 0 à 100 km/h en moins de 12 secondes et d’accrocher 144 km/h en pointe. Vraiment pas mal ! Et l’autonomie, direz-vous ? Sans atteindre les valeurs de 160 voire 175 kilomètres annoncés officiellement, il paraît parfaitement possible de rouler plus de 130 km sans s’arrêter, ce qui est remarquable par rapport à la concurrence. Sur autoroute, à vitesse soutenue, on passe sous la barre des 100 km, ce qui est largement suffisant au quotidien pour la plupart des utilisateurs. Reste l’éternelle question de la recharge. La trappe située à l’avant du capot cache deux prises : une pour la charge classique sur le courant domestique (comptez 8 h), l’autre pour une charge rapide via une borne spécifique (80% en 30 minutes !). Mais ces bornes de charge rapide, il n’en existe quasiment pas en Belgique à l’heure actuelle. Un mot enfin sur le prix, qui devrait tourner autour des 39.000 euros. Même si la Leaf est très bien équipée, ça fait beaucoup…