Au frais, la nourriture !
« Et ce frigo, tu le prends ? » me demande ma tante, tout en me désignant une sorte de gros cube blanc aux dimensions un poil imposantes ! Flairant le piège, je me demande déjà où je pourrais caser la bête : c’est que le coffre, profond, mais pas très haut, est déjà largement rassasié des sacs des 4 occupants… Il ne me reste plus qu’à le caser quelque part entre les deux passagères arrière… Ce qui ne se fait pas sans grincement de dents ! « Ça va être serré, là derrière » lance, ironique, Manuel, mon fidèle coéquipier. Evidemment, lui sera bien à l’aise à l’avant alors que son épouse et ma cousine devront jouer les sardines serrées à l’arrière. L’habitabilité arrière d’un coupé ? Honorable. Suffisante en tout cas pour aller à quatre à la friterie du coin… Mais là, ce sont quelque 1.100 km qui nous attendent ! Bon, pas le choix, faut y aller !
Liberté teutonne
Bien reposés durant la journée, nous décidons d’avaler les 1.100 km qui nous séparent de Parme en roulant de nuit, histoire de profiter de la fraîcheur nocturne et d’éviter ainsi les tracas de circulation. En route ! Régulateur de vitesse verrouillé sur 130 km/h, nous dévalons doucement mais sûrement le Luxembourg, puis la France. A bord, l’ambiance est feutrée, si ce n’est un sifflement persistant au niveau de la vitre de ma portière (conducteur). Arf, ces vitres sans montants ! Heureusement, nous avons prévu une flopée de CD, iPod et autres, histoire de nous divertir et de donner un peu d’entrain à tout cela ! Frontière allemande, nous voici en pays de liberté, sur une portion non-limitée. Les 180 chevaux de la Renault se réveillent, le bourdonnement sourd du moteur reste toujours feutré et la poussée se fait continue : 120, 140, 160 et bientôt les 180 km/h seront atteints en toute décontraction. Au-delà, les bruits aérodynamiques se font franchement envahissants et le moteur ne sirote plus, mais avale goulûment sa portion de mazout ! Mais tous les plaisirs ont une fin, et la rigueur suisse sonne le glas de nos joyeuses pérégrinations. Dans un pays aussi strict et à cheval sur les règles, il s’agira de respecter à l’unité les vitesses imposées !
Fournaise transalpine
Bon sang que c’est long ! A bord, tout le monde (hormis votre serviteur...) s’est endormi. Dehors, c’est lancinant au possible : 120, 80, 100, les limitations changent à tout bout de champs et il s’agit d’ouvrir l’œil sous peine de grosse prune au retour ! Au moins, ça tient éveillé. Enfin, après ce qui semble être un interminable chemin de croix, nous voici en Italie ! Et là, les attitudes sont radicalement différentes ! En quelques kilomètres, l’ambiance passe du bataillon disciplinaire à l’anarchie populaire ! Ça dépasse par la gauche (quand même), par la droite (hé oui !), ça klaxonne assez souvent, et quelle circulation ! Pourtant, il est 3 heures du matin, mais tout le Nord de l’Italie semble s’être mis d’accord pour occuper la même portion de route que nous ! Passé Milan, la circulation semble s’être évaporée et nous avalons les derniers kilomètres à bon train. Enfin, Parme ! Deux-trois feux rouges, un carrefour à droite et hop, nous voilà au domicile de nos coéquipiers ! Et vous savez quoi ? Je n’arrive pas à trouver le sommeil !
Un petit tour sur la côte ?
Parme, en plein juillet, croyez-moi, ça vaut un bon sauna ! Je ne pense pas avoir autant béni la climatisation ! Le lendemain, nous décidons de nous diriger vers la côte ligure. Nos Italiens dans leur Seat Alhambra retrouvée et nous, dans la vaillante Laguna toujours partante, en dépit des 1.100 km ingurgités d’une traite la veille, sommes parés pour le voyage. La route se fait sinueuse et traverse des calanques d’une beauté à couper le souffle. Dans les longues courbes de l’autoroute, la Laguna vire sur des rails, ses quatre roues directrices lui procurant une agilité et une stabilité démoniaques ! Au loin, la Méditerranée se dessine et nous nargue avec ses reflets paradisiaques… Vivement le plouf ! Levanto, nous y sommes, une petite ville transalpine en bord de mer, au charme fou et aux maisons multicolores. Le marché y semble éternel et les nombreux plagistes, armés de leurs planches et simplement vêtus d’un maillot, affichent un visage détendu. Mais d’abord, avant toute baignade, il s’agit de grimper au camping et de monter la tente. Une expérience à chaque fois cocasse pour le maladroit que je suis, incapable de comprendre quoique ce soit à ce spaghetti (c’est la région) de tendeurs et autres fantaisies du style… Une sacrée épreuve, mais finalement récompensée par le plongeon tant attendu, sur une plage idyllique et au sable fin…
Cinque Terre
Levanto se trouvant à une encablure des Cinque Terre, il aurait été ridicule de passer outre. C’est donc le moment de remercier et de se séparer de nos amis belgos-italiens pour poursuivre notre périple. Nous voilà donc, bifurquant vers le Sud, vers ce que je considère être, c’est très subjectif, l’une des plus belles régions d’Europe. Les « Cinque Terre », ces cinq villages construits à flanc de falaise pour l’activité agricole grâce à une intéressante architecture en terrasses, dévoilent un charme fou ! Les maisons, surplombant la mer, se disputent la vedette à coups de couleurs pastel. Un sentier lie ces cinq villages et, croyez-moi sur parole, la randonnée vaut le coup ! Certes, il conviendra de prendre la journée et un petit entraînement ne semble pas superflu, mais l’ambiance et les paysages rencontrés vous marqueront à coup sûr ! Mais il est midi, le soleil tape dur et, si les 25 degrés à bord de la voiture nous semblent bien agréables, l’ordinateur de bord de celle-ci nous indique un furieux 35 à l’extérieur… La randonnée se fera donc plus courte que prévu et, partant du deuxième village (Manarola) où nous laissons la voiture, nous décidons simplement de rejoindre à pied le troisième village (Corniglia). Petit joueur dites-vous ? Je peux vous promettre qu’au cœur de la canicule, avec notamment 377 marches à grimper en plein soleil, on n’en menait pas large ! D’ailleurs, notre bouteille d’eau se vidait vitesse grand V et… nous aussi ! C’est donc liquéfiés, mais ravis, que Corniglia nous dévoilât ses charmes d’une rare beauté. Pour le retour, plus courageux que jamais, nous décidons de prendre… le train ! C’était sans compter un retard d’une heure…
Un lion qui devient matou sous les 2.000 tr/min
En nage mais ravis du spectacle qui a ébloui nos rétines, nous décidons de bifurquer au Nord, vers Portofino, une commune de la Province de Gênes et autant réputée pour sa densité de jet-setteurs que pour son charme pittoresque. Mais d’abord, il s’agira de s’extraire du parc national des Cinque Terre, où notre GPS nous embarque vers des petites routes, escarpées comme jamais et tortueuses à souhait. Peut-être même trop, car sur ces routes, se croiser relève de la gageur et les nombreux virages sans visibilité rendent la conduite un peu tendue. Avec beaucoup de bonne volonté (souvent de notre part, faut-il l’avouer), ça finit par passer, mais la voiture ne semble pas franchement à l’aise. Dans les épingles, aucun souci, les roues arrière braquent dans le sens contraire et l’agilité est étonnante. On se faufile partout avec la maniabilité d’une petite citadine, le confort en plus ! En revanche, le moteur ne respire qu’au-delà des 2.000 tr/min, ce qui est un régime bien trop élevé que pour reprendre souplement en deuxième, au sortir d’un virage serré en côte. Habitué au double-débrayage, je me suis donc appliqué pour remettre la première, grimper le plus haut dans les tours, puis passer prestement la deuxième en espérant que l’aiguille retombe au-dessus des 2.000 tr/min. Sinon… Ben faut patienter ! Après 40 km de ce genre de routes, je finis par avoir des crampes un peu partout ! Heureusement, le reste n’est constitué que d’autoroutes, ce qui permet de se relaxer et de profiter de l’excellente stéréo Bose à bord.
Portofino
Jadis appelée Portus Delphini en raison du grand nombre de dauphins vivant dans le golfe de Tigullio, Portofino est devenu une véritable attraction touristique depuis plus d’un siècle. Il faut dire que cette petite ville ne manque assurément pas de charme, avec ses maisons chaleureuses et inchangées depuis bien des décennies. L’ambiance y est feutrée, glamour et la jet-set s’y retrouve avec un air entendu, sans le faste habituellement réservé à Monaco ou Saint-Tropez. Outre les boutiques de luxe, on y trouve quelques points touristiques, comme les églises de San Martino ou de San Giorgio, ainsi que le château Brown, offrant un beau panorama sur la côte d’Azure. A ne pas manquer !
Part.2 : Portofino – Carcassonne
Part.3 : Carcassonnne – L’Escala - Belgique