Chez Alfa Romeo, on prend visiblement son temps. Voilà 5 ans que le constructeur italien n’avait pas présenté de nouveau modèle ! Mais il faut dire que ce Tonale arrive avec un chouïa de retard. Disons qu’il s’agit du fameux quart d’heure académique qu’on lui pardonne donc facilement. C’est un peu la diva en robe de soirée qui fait son entrée une fois que tous les invités sont déjà arrivés, histoire de bien se faire remarquer. Et il faut avouer qu’elle est juste ce qu’il faut d’« osé », cette fameuse robe de soirée.
Les designers italiens ont réussi à bien habiller ce SUV de 4,53 m de long, 1,6 m de haut et 1,84 m de large. De prime à bord, il ne parait pas beaucoup plus petit que son grand frère le Stelvio. Et pour cause, par rapport à ce dernier, il n’est plus court que de 16 cm, plus bas de 10 cm et plus étroit de 6 cm. Finalement, c’est encore leurs empattements qui diffèrent le plus : 2,82 m pour le Stelvio contre 2,64 pour le Tonale. C’est bien son petit frère, mais tout juste. En termes de dimensions, il se situe dans la moyenne (très) haute du segment des SUV compacts. Cela a du bon, surtout pour l’espace intérieur.
Un habitacle qui n’a rien de compact !
Le coffre de ce Tonale offre une capacité de 500 l qui peut s’étendre jusqu’à 1.550 l un fois tous les sièges rabattus. C’est correct, mais certains de ses concurrents directs font un peu mieux, l’espace se trouve ailleurs… Ce sont les passagers de la seconde rangée qui bénéficient des dimensions généreuses de l’Italienne. Même les « très grands » auront assez de place à la tête et aux genoux pour envisager de longs trajets à l’arrière. En revanche, l’espace des deux occupants avant est un peu étriqué à cause de la large console centrale dont certains plastiques pourraient d’ailleurs être de meilleure qualité. Finalement, si l’on ne prête pas trop attention aux matériaux perfectibles utilisés sur le bas de la planche de bord, il fait (vraiment) bon vivre dans cette Alfa. Équipé d’un double écran de 12,3 et 10,25 pouces, de véritables boutons pour la climatisation et de ces magnifiques palettes fixes en aluminium, on a bien envie de démarrer l’engin et d’aller faire un tour !
Une électrification bénéfique
Sous le capot, on retrouvera au lancement un 1.5 l turbo essence micro-hybride développant au choix 130 ou 160 ch, ce dernier équipant notre véhicule d’essai. Tous deux sont associés uniquement à une boîte à 7 rapports et double embrayage pour entraîner seulement les roues avant. Une version diesel viendra enrichir prochainement le catalogue ainsi qu’une variante hybride rechargeable. Mais cette dernière ne débarquera pas avant 2023. Dans la pratique, l’électrification du 4 cylindres est bien implémentée. Malgré la batterie de seulement 0,77 kWh, le Tonale utilise souvent et uniquement son petit moteur électrique de 15 kW/20 ch et 135 Nm pour se déplacer silencieusement à faible vitesse. Cela lui permet d’afficher une consommation WLTP moyenne de 6,3 l/100 km pour des rejets de CO2 de 144 g/km. Après notre parcours, notre moyenne avoisinait plutôt les 7,5 l/100 km, mais les routes pentues et sinueuses aux abords du lac de Côme sans oublier plusieurs traversées de la ville n'ont pas aidé. Verdict, c’est pas si mal !
Mais où est la sportivité ?
Les Alfa ont toujours été des voitures de passionnés, amoureux d’une conduite dynamique et gratifiante. Mais une fois installé côté conducteur, la position est un peu haute, fort typée SUV plutôt qu’axée vers une certaine sportivité. Bon… Heureusement, les palettes en aluminium, le bouton de démarrage sur le volant et les compteurs digitaux façon années 50/60 laissent encore espérer le meilleur ! Mais dès que l’on tourne le volant, c’est la douche froide…
La direction est légère comme une plume et ne transmet absolument aucune information quant à ce qui se passe au niveau du train avant. Jouer avec la molette « DNA » influe un peu sur la fermeté du volant, mais elle permet tout au mieux de passer de plume à ouate… Et c’est bien dommage, car le moteur est réactif, le châssis équilibré et le freinage efficace, peut-être même un peu trop. Les étriers Brembo à 4 pistons mordent tout de suite les disques dès qu’on effleure la pédale. Ce n’est donc pas de dynamisme qu’il manque, juste de sensations de conduite…
Après tout, pourquoi pas ?
Le Tonale, une fausse Alfa Romeo ? Disons que ce n’est pas ce à quoi le constructeur italien nous a habitués en termes de conduite. Mais après tout, ce n’est peut-être pas une mauvaise chose. La marque a toujours privilégié le dynamisme au confort et à une certaine praticité et l’on ne peut pas dire que cette décision se soit transformée en records de ventes… Du coup, le Tonale inverse la donne. Pratique, il l’est avec son grand coffre et ses places arrière généreuses. Côté confort aussi, il a une belle carte à jouer. Les suspensions allient à la perfection souplesse et maintien de caisse. Rien à redire non plus sur l’insonorisation de l’habitacle. Son terrain de prédilection se rapproche plutôt de la ville où sa direction légère est finalement un atout. Et ça tombe bien puisque en tant que SUV compact, il passera sans doute plus de temps dans un paysage urbain que sur circuit ou dans des cols de montagne…
Jeu égal avec la concurrence
Alfa Romeo n’a pas encore communiqué les prix officiels de son nouveau SUV. On parle cependant d’un tarif de départ avoisinant les 39.000 € pour l’édition de lancement « Speciale » super équipée et disposant d’un moteur de 130 ch. Notre voiture d’essai au bloc de 160 ch, également en version haut de gamme, s’échangerait aux environs des 42.000 €. Quant à l’entrée de gamme, elle devrait se situer aux alentours des 34.000 €. Qu’est-ce que ces tarifs nous apprennent ? Que le Tonale fait jeu égal avec la concurrence. Et il peut bien, car il semble avoir toutes les armes pour défier ses adversaires directs peu importe le terrain. Si ce n’est qu’il offre une robe de soirée différente, digne des couturiers italiens et de la Fashion Week de Milan.
Notre verdict
Le Tonale sera-t-il la success-story tant attendue par Alfa Romeo ? Il coche en tout cas toutes les cases pour faire de lui un best-seller. Certes, les sensations de conduite ne sont pas celles que l’on retrouve généralement au volant d’un véhicule frappé du Biscione. En revanche, il ne manque pas de confort et de praticité, ce quoi Alfa ne nous a pas forcément habitués non plus… Bref, ce Tonale inverse la donne ! En revanche, ses lignes, elles, sont bien dignes de la marque italienne…