Attendue comme le messie, la Model 3 est enfin disponible en Europe. Mais, au quotidien, cette « petite » Tesla « abordable » valait-elle vraiment la peine qu’on l’attende avant tant de ferveur ?
« Petite » ?
Premier constat : si la Model 3 est bien une petite Tesla, elle n’a rien d’une « petite » voiture dans l’absolu. Car si elle mesure bien une trentaine de cm de moins que sa grande sœur Model S, elle s’étend tout de même encore sur 4,69 m. Soit la taille de la dernière génération de BMW Série 3. Un gabarit « moyen » donc. Mais parfaitement adapté à nos rues du Vieux Continent.
« Abordable » ?
Autre petite nuance : si la Model 3 est bien la Tesla la plus « abordable » du moment, ne vous attendez pas non plus à repartir à son volant pour une poignée d’euros. Car si Tesla propose déjà une Model 3 à moins de 40.000 $ aux Etats-Unis (39.900 $), l’exemplaire d’accès est facturé 47.800 € en Belgique. Pour ce tarif, on repartira au volant d’une Model 3 Autonomie Standard Plus. Elle est équipée d’un seul moteur électrique (275 ch) et d’un module de batterie offrant 415 km d’autonomie. La gamme actuelle proposée par Tesla en Europe comprend deux autres versions : la Model 3 « Grande autonomie » (58.300 €) qui affiche 560 km d’autonomie et assure des performances soutenues grâce à ses deux moteurs électriques développant un total de 351 ch. Au sommet de la gamme, on retrouve une Model 3 « Performance » (68.200 €) dont les deux moteurs développent cette fois conjointement 462 ch (530 km d'autonomie). C’est cette version haut de gamme que Tesla a mis à notre disposition pour cette première rencontre avec le « messie ».
Carte d’hôtel
Comme les autres Tesla, la Model 3 se montre assez déroutante au premier abord pour un conducteur aux automatismes façonnés par l’univers automobile traditionnel. Pour accéder à bord, pas besoin de clé. On utilise soit son smartphone, soit une sorte de carte d’hôtel à apposer sur le montant B de la portière conducteur (impossible de la garde en poche donc, comme avec une carte main libre traditionnelle). Ensuite, il faut actionner manuellement, via une pression du pouce, les poignées escamotables. Ensuite, seulement, on peut les agripper à pleine main pour pénétrer à bord.
Dépouillement maximal
Le dépaysement s’accentue encore davantage quand on s’installe au volant : ne cherchez pas de boutons, de cadrans ou d’autres interrupteurs. La Model 3 pousse vraiment le concept du dépouillement jusqu’à son paroxysme. Il n’y a même pas de compteurs devant le volant ! Le seul élément saillant de la planche de bord est un écran format XXL. Véritable cerveau de la voiture, il centralise tout. Vraiment tout, jusqu’à l’ouverture de la boîte à gants et l’allumage des phares. Heureusement, l’ergonomie de l’ensemble est plutôt bien pensée. Pour peu qu’on ait déjà navigué du bout des doigts sur une tablette, on s’y retrouvera assez rapidement.
Agréable à vivre
Il se dégage indéniablement une certaine « zénitude » dans cette ambiance dépouillée. Globalement, la vie à bord de cette Model 3 est assez agréable grâce aux grandes surfaces vitrées. L’espace habitable est également très généreux pour les passagers arrière. La banquette arrière est toutefois un peu trop ferme pour être vraiment confortable. Même constat pour les sièges avant : ils manquent aussi un peu de moelleux et de maintien latéral. De plus, si les matériaux utilisés à bord de cette Model 3 ainsi que l’assemblage paraissent assez soignés, force est de constater que l’on n’atteint toujours pas les références européennes dans le domaine. Quelques plastiques, notamment, dénotent un peu dans cette voiture facturée, options comprises, plus de 70.000 €…
… et pratique !
Parfaitement intégrée dans le soubassement, la batterie n’empiète pas sur le coffre. Enfin plutôt sur les coffres, puisqu’on dispose aussi d’un petit rangement sous le capot avant. De quoi embarquer un ou deux sacs souples en plus lors des voyages ou ranger les accessoires nécessaires pour les recharges si on souhaite jouir de l’intégralité du grand coffre arrière, espace sous le double plancher compris. Sur le plan pratique, on notera tout de même que la Model 3 ne dispose pas d’un hayon à l’arrière mais se contente de donner accès à son coffre principal via une malle.
Amortissement efficace
Contrairement aux grands modèles proposés par Tesla, cette 3 ne peut compter sur un amortissement pneumatique. Tesla ne prévoit pas davantage d’amortissement piloté. Le toucher de route est alors relativement ferme (surtout avec la version Performance qui hérite en série de jantes de 20 pouces). Mais sans devenir inconfortable.
Si la Tesla Model 3 s’apprécie indéniablement en conduite coulée, elle est aussi capable d’avaler les courbes avec une sérénité impressionnante. Grâce à l’amortissement efficace et au centre de gravité bas de l’engin (merci aux lourdes batteries implantées au plus proche du sol !), on peut vraiment se faire plaisir au volant de cette Model 3. Mais pas très longtemps tout de même : la course de la pédale de frein s’allonge vite en conduite très soutenue, même si la version Performance hérite de freins renforcés avec des étriers plus grands. Il faut dire que cette Tesla Model 3 Performance, en accélération, c’est vraiment de la dynamite... et qu’il y a chaque fois quasiment 1.900 kg à ralentir à l’approche des virages !
400 à 500 km
Les deux moteurs électriques de la version Performance assurent à la petite Tesla des prestations dignes de sportives emblématiques. La Californienne accroche le 0 à 100 km/h en 3,4 s. Soit le même chrono qu’une certaine BMW M5… Sauf que dans ce cas-ci, cette poussée se passe dans le plus grand silence. Ce qui est finalement encore plus impressionnant qu’avec les vocalises d’un V8 dans les oreilles !
En adoptant un style de conduite nettement plus raisonnable, on peut parcourir 400 km entre deux recharges. Voire même tirer vers les 500 km en adoptant un style de conduite coulé et en calibrant la recharge sur le mode « voyage » la veille d’un grand départ afin de recharger les batteries au maximum (position déconseillée au quotidien pour maximiser la durée de vie des batteries). À l’usage, en moyenne, on peut tabler sur une consommation d’électricité tournant autour des 19 kWh/100 km. Ce qui est vraiment concurrentiel compte tenu des prestations offertes.
Recharge rapide aussi chez la concurrence
Dans la majorité des cas, on rechargera prioritairement sa Model 3 sur sa borne domestique ou sur son lieu de travail. Sur une Wallbox de 7,4 kW, il faudra environ 11 heures pour une recharge complète. Pour les plus grands déplacements, on peut utiliser les fameux Superchargers de Tesla ou même les bornes rapides « concurrentes ». La Model 3 est en effet équipée d’une prise de type Combo CCS compatible avec les réseaux Ionity, Fastned, Allego… Capable d’accepter une charge rapide jusqu’à 150 kW lors de son arrivée sur le sol européen, la Model 3 pouvait alors déjà récupérer 80% d’autonomie en 30 minutes. Depuis le début de ce mois de juin, une mise à jour permet à la Model 3 de charger maintenant jusqu’à 200 kW afin de diminuer encore ce temps d’immobilisation. Prochainement, elle pourra même atteindre 250 kW. De quoi récupérer 80% de charge en une quinzaine de minutes seulement…
Conclusion
Au travers du prisme traditionnel avec lequel on juge une voiture, on pourrait reprocher à la Model 3 quelques petits défauts, comme une finition assez moyenne compte tenu des prix pratiqués, des sièges manquant de moelleux ou une ergonomie parfois un peu compliquée. En revanche, sur le plan de la mobilité électrique, la Model 3 tient ses promesses. Elle sirote en tous les cas ses électrons avec davantage d’efficacité que ses rares concurrentes premium. Ce qui lui permet d’afficher une autonomie réelle vraiment confortable à l’usage. Sans oublier que les diverses possibilités de recharge offertes par Tesla permettent d’envisager sereinement de couvrir de longs voyages à l’occasion.