Une chose ne change pas pourtant : Audi n’a de cesse que de valoriser ses véhicules et les rendre toujours plus « premium ». Un exemple ? Si l’entrée de gamme de la génération actuelle, présentée en 2015, se contentait d’un 1.4 L essence, il a disparu au profit d’un 2.0 L baptisé 35 TFSI (n’essayez pas de comprendre cette nomenclature pour le moins confuse…) de 150ch. Tant que nous y sommes, continuons à parler boulons et rondelles en détaillant les fiches techniques. Vous êtes prêts ? En essence, l’offre commence, on l’a vu, avec le 35 TFSI, mais le 2.0 L peut aussi « cracher » 190ch (40 TFSI) ou 245ch (45 TFSI) Seul le 35 TFSI peut se voir accolé à une boîte mécanique six vitesses, les autres recevant d’office l’excellente boîte robotisée S tronic à sept rapports. La transmission quattro est réservée à la 45 TFSI. Ces trois motorisations bénéficient d’une (très !) légère hybridation MHEV de 12V censée économiser jusque 0,3 L/100km…
Côté mazout, un 2.0 L en trois puissances : 136ch (30 TDI), 163ch (35TDI) et 190ch (40 TDI), puis un V6 de 231ch (45 TDI) et, feu d’artifice, le V6 porté à 347ch (et 700Nm de couple !) pour la S4 TDI ! Hé oui, exit la S4 TFSI pour le marché européen : celui qui veut envoyer du lourd roulera mazout ! Pas mort, le grand Satan chez Audi, et certainement avec raison, au vu de la stupidité de nos décidants et des chiffres de consommation flatteurs annoncés : il sera difficile à une motorisation essence d’envoyer autant de bois avec si peu de litres de précieux carburant ! Pour être complet, précisons que le six cylindres se démarque par sa boîte automatique tiptronic à huit rapports et que la transmission quattro distingue les 40 et 45 TDI, ainsi que la S4 TDI. À ces modèles, disponibles tant en berline qu’en break baptisé « Avant », s’ajoute les allroad quattro qui se particularisent par leur allure baroudeuse et leur garde au sol surélevée de 35mm.
Nouvelle peau
Les face-lift de mi-vie se contentent souvent, pour l’apparence extérieure, de nouveaux boucliers, voire parfois d’optiques retouchées, de nouvelles roues et d’une palette de coloris revisitée. Audi a fait fort cette fois-ci puisque tous les panneaux de carrosserie, hormis le pavillon et le capot, ont été retouchés vers plus de dynamisme et de sportivité. Et, alors que chaque génération se succède sans presque se faire remarquer, pour une fois, ça se voit: un comble quand on sait que ce n’est qu’un lifting et pas une nouvelle génération ! Ne boudons pas notre plaisir, « ça le fait » ! La calandre s’affine et s’élargit, les optiques, dorénavant à technologie LED sur tous les modèles, diffèrent sensiblement et arborent une nouvelle signature lumineuse, les boucliers se marquent de lignes plus horizontales, tout comme les feux arrière reliés maintenant par un jonc chromé.
Mais le plus gros travail a porté sur les flancs de l’Audi A4, avec ces coups de gouge marquant les passages de roues, un clin d’œil appuyé aux cultissimes Audi quattro de rallye, pour un effet ma foi aussi flatteur que réussi. Plus discret, le pilier C a été remodelé pour davantage de fluidité en étirant visuellement l’habitacle. Résultat, la A4 se veut encore plus flatteuse et valorisante, plus proche encore des prestigieuses A6 et A8. L’intérieur n’évolue que peu, hormis sans doute pour la nouvelle dalle d’infodivertissement, pour laquelle Audi abandonne les commandes tactiles sur la console.
Tout à l’écran
Audi se targue en effet, avec son nouveau système MMI avec écran TFT haute résolution de 10,1 pouces, de proposer une voiture ultra-connectée et d’offrir à son possesseur « une expérience de commande digne de celle d’un smartphone moderne ». Oui, bien sûr… sauf que quand vous pianotez votre écran de smartphone ou de tablette, vous regardez où vous mettez les doigts ! Et donc ici, il faudra choisir : soit vous regardez la route, soit vous regardez l’écran. La conduite autonome n’est pas encore d’actualité, loin s’en faut, et en attendant, la voiture, il faudra encore la conduire avec un degré minimal de compétence et de concentration. Cette digression ne concerne bien sûr pas qu’Audi : tous les constructeurs jouent le même jeu dangereux ! Je ne vais donc pas vous tartiner des heures sur toutes ces merveilles de connectivité, allant jusqu’à déverrouiller et démarrer votre A4 depuis votre smartphone. En même temps, pianoter votre smartphone, naviguer dans les écrans pour ouvrir l’app, lancer les fonctions, alors qu’il est si simple de mettre la main sur la poignée de porte qui se déverrouille avec l’accès mains libre, s’asseoir et pousser sur le bouton de démarreur… Quel intérêt, à part faire rire votre voisin ?
Raisonnable
Plus sérieusement, Audi redéfinit ses niveaux de finition, dorénavant baptisés Basis, advanced et S line, en plus des S4 et allroad quattro, alors que différents packs intérieurs peuvent égayer l’habitacle, librement combinés aux équipements extérieurs. Pour le reste, peu de changements. L’Audi A4 abrite sous sa nouvelle peau un concentré de technologies aussi raffinées que sophistiquées, tant du point de vue des motorisations, on l’a vu, que des aides à la conduites, toujours aussi nombreuses, ou que de la sophistications des trains roulants : traction avant ou intégrale (avec différentiel sport en option), suspensions classiques ou adaptatives, « normal » ou « sport, difficile de ne pas trouver son bonheur et toutes les raisons de se réjouir à son volant, pour autant que vous y mettiez le prix, en rapport…
Nos premiers kilomètres s’effectuent au volant d’une (presque !) raisonnable A4 Avant 35 TDI (163ch, 380Nm, boîte robotisée S tronic à sept rapports) : le plus modeste des modèles mis à notre disposition. Modeste reste toutefois relatif, puisqu’il s’agit d’une version advanced, facturée 43.000€, enrichie de 14.670€ d’options. Nous avions apprécié, lors du lancement fin 2015 de cette génération d’A4 son comportement routier, autrement plus vif et amusant qu’auparavant. Les routes sinueuses des Dolomites constituaient un écrin de choix pour mettre ces qualités en exergue : nous nous sommes franchement bien amusés au volant de notre A4 Avant, et d’autant plus que jamais les prestations du moteur, le 2.0 L de 163ch ne nous ont déçues ! L’accord moteur-boîte robotisée S tronic ne souffre pas la moindre critique et propulse la caisse avec dynamisme et discrétion. Les suspensions « basiques » prouvent à suffisance que l’acheteur peut faire l’économie de l’amortissement hydraulique variable ou du régulateur d’amortissement, tant au niveau du comportement que du point de vue du confort.
Mieux, l’ennemi du bien ?
L’enthousiasme fut moins débordant lorsque nous prîmes le volant de la S4 Avant TDI, facturée 67.850€ hors options. Certes, le bloc « mazout » pousse sacrément fort, certes le châssis, fort de sa transmission quattro, colle à la route et transcende l’agilité de la voiture, mais hélas, et même en mode de conduite « sport », la boîte automatique tiptronic manque cruellement de réactivité, avec un temps de latence énervant lors d’une relance, pour un dépassement, par exemple. Et ce défaut réussit à occulter les réelles qualités du modèle dans les lacets des Dolomites.
L’A4 est et reste une excellente voiture. Le niveau de qualité atteint force le respect, et cette mise à niveau transcende encore ses qualités. Reste le prix à payer, conséquent, et le parti-pris de la dalle tactile qui va dans le sens de l’histoire plus que de la sécurité…