Les ludospaces, sauvés par l’importance de leur déclinaison utilitaire, parviennent mieux à tirer leur épingle du jeu que les monovolumes. Dans le même temps, ils en profitent d’ailleurs aussi pour monter en gamme et faire des yeux doux aux familles insensibles aux charmes des SUV. C’est le cas du Renault Kangoo dont la troisième génération découverte avec ses motorisations thermiques en 2021 n’a plus rien de la rustique camionnette équipée de sièges découverte il y a 25 ans maintenant.
Voiture particulière, pratique
Ce 3ème Kangoo du nom présente ainsi non seulement un habitacle soigné (même si de nombreux plastiques durs subsistent) mais également un équipement digne de celui d’une voiture particulière (avec, par exemple, jusqu’à 14 aides à la conduite). On appréciera aussi la position de conduite devenue bien meilleure que par le passé, notamment grâce à d’amples réglages de la colonne de direction et du siège conducteur (selon l’équipement).
Mais ce Kangoo a aussi l’intelligence de conserver des attributs pratiques propres aux véhicules affichant des origines « roturières ». Comme la grande capucine située au sommet du pare-brise ou encore les bacs creusés dans la partie supérieure de la planche de bord. Avec en sus le grand tiroir coulissant remplaçant la traditionnelle boîte à gants, on peut jouir au total de 49 l d’espace de rangement dans l’habitacle. Les familles apprécieront.
Daté, mais fonctionnel
La nouvelle déclinaison E-Tech Electric reprend aussi à son compte l’info-divertissement des Kangoo thermiques (un module certes fonctionnel, mais au graphisme et à la présentation un peu datés…). Et y ajoute en sus les fonctions devenues traditionnelles sur les modèles équipées d’une batterie haute-tension : programmation de la charge, programmation du pré-conditionnement, recherche de points de charge sur le trajet, etc. De plus, notons que le Kangoo E-Tech Electric peut s’équiper, en fonction de l’exécution retenue, d’une pompe à chaleur ainsi que d’un pare-brise, des sièges avant et un volant chauffants. De quoi offrir un meilleur confort thermique tout en limitant l’impact sur l’autonomie en hiver. Ce qui est loin d’être anodin, on y reviendra…
Accès généreux, habitabilité moyenne…
Mais avant, continuons notre petit tour des aspects pratiques de ce Kangoo électrifié. Soulignons notamment qu’il dispose de portières avant s’ouvrant très généreusement, à 90°. De quoi faciliter l’accès ou, pour les familles, de glisser plus facilement un « Maxi-Cosi » sur le siège passager avant (les attaches Isofix y sont prévues). Bon point aussi pour les larges portes arrière coulissantes (61,5 cm) qui ménagent un bon accès vers les places postérieures, et ce même dans les endroits exigus.
L’habitabilité aux places arrière perd néanmoins un peu des plumes par rapport à la version thermique. Renault a en effet glissé le module de batterie de son Kangoo électrique sous la banquette arrière. Cette dernière est alors légèrement surélevée et un peu avancée. La garde au toit ne posera pas de problème, vu le profil cubique de l’engin… Mais le rayon pour les genoux devient assez limité. De plus, il n’est plus possible de glisser ses pieds sous les sièges avant en raison de la surépaisseur du plancher. Ce qui nuira au confort d’assise des passagers adultes.
Coffre XXL
En revanche, le Kangoo présente un coffre encore plus logeable dans sa version électrique. De 700 l sur les versions thermiques, le volume disponible sous tablette grimpe à 850 l grâce à la nouvelle configuration de la banquette. Ce n’est pas tout : cette dernière profitant aussi de rails coulissants sur la déclinaison électrique, le volume en configuration 5 places peut même être encore un peu augmenté en cas de besoin.
En revanche, la batterie située sous la banquette ne permet plus de jouir des sièges escamotables dans le plancher du Kangoo thermique. Ce qui limite un peu le volume maximal en configuration deux places pour les jours de déménagement. Mais avec 2.500 l (contre 2.800 l sur les versions thermiques), on a tout de même encore largement de quoi voir venir…
45 kWh / 90 kW
Pour être complet sur le sujet « coffre », notons que le Kangoo E-Tech Electric n’offre pas de « frunk ». Sous le capot avant, on retrouve plutôt le moteur électrique de la petite sœur Zoé dans une version ramenée à 90 kW (120 ch) et 245 Nm. L’unique batterie proposée peut, quant à elle, stocker 45 kWh. Ce qui permet à Renault d’avancer une autonomie théorique WLTP de 285 km pour son ludospace branché.
Plaisante à conduire…
En route, ce duo se montre convaincant et rend l’usage du Kangoo encore plus confortable qu’avec ses motorisations thermiques. Aux vitesses moyennes, les accélérations restent assez toniques et fluides (4,7 s pour le 0 à 50 km/h). L’insonorisation se montre, en outre, plutôt soignée pour un ludospace. Si on le souhaite, on peut également utiliser trois niveaux de freinage régénératif (B1, B2 et B3) en plus de la position D classique (mais aucun niveau n’offre de réelle conduite « à une pédale »).
De plus, l’amortissement de ce Kangoo E-Tech Electric se montre efficace. Légèrement raffermi pour digérer le poids total supplémentaire de cette version électrique (1.870 kg, dont 320 kg de batterie), il maintient efficacement les mouvements de caisse tout en ménageant un confort suffisant.
Notons tout de même que notre première prise en main, organisée en Zélande, ne comportait pas de trajet autoroutier. Mais visiblement, les performances du Kangoo électrique s’éteignent progressivement une fois que l’on passe la barre des 70 km/h. Renault annonce d’ailleurs un chrono plutôt quelconque de 12,6 s pour atteindre les 100 km/h ainsi qu’une vitesse de pointe de 135 km/h.
… mais pas longtemps !
Même en conservant un tempo plutôt fluide et en évitant les axes autoroutiers, il faut toutefois tabler sur une consommation moyenne de l’ordre de 20 kWh/100 km, avec des températures hivernales. Ce qui, si l’on ne souhaite pas prendre le risque de « rincer totalement » sa batterie avant de retrouver une borne de charge n’offre qu’un rayon d’action réel de l’ordre de 200 km. Ce qui, du coup, reste peu pour un modèle a priori taillé pour les escapades familiales ! Même si, à l’heure actuelle, la concurrence principalement portée par le groupe Stellantis ne fait pas beaucoup mieux.
Recharge rapide en supplément
On conseillera dès lors aux potentiels acheteurs de dépenser les 1.335 € supplémentaires exigés par Renault pour jouir de la version compatible avec la recharge rapide en courant continu. De série, le Kangoo E-Tech Electric se contente en effet d’un chargeur intégré de 11 kW. Le module optionnel le remplace par un chargeur acceptant jusqu’à 22 kW en courant alternatif ainsi que la possibilité de jouir d’une recharge rapide de 80 kW en courant continu (tout en équipant la batterie d’un système de régulation thermique). Ce n’est certes pas « dingue » comme puissance digérée pour une recharge rapide. Mais cela permet tout de même de récupérer 170 km WLTP en 30 minutes sur la route des vacances…
Combien ça coûte ?
Renault propose trois niveaux d’exécution de son Kangoo E-Tech Electric : Authentic (38.990 €), Equilibre (40.290 €) et Techno (42.090 €). Les deux premiers étant plutôt taillés pour répondre aux besoins des administrations ou des collectivités, les familles s’orienteront donc plutôt vers le niveau Techno. Elles jouiront alors d’un équipement de série très généreux. Mais en ajoutant le supplément exigé pour jouir du chargeur 80 DC, cela montera le prix du modèle à quasiment 43.500 € (43.425 €). À titre de comparaison, le Kangoo Techno est déjà proposé chez nous à partir de 27.215 € en version thermique…
Conclusion
Dans l’absolu, la motorisation E-Tech Electric magnifie les qualités du Kangoo pour un usage familial quotidien. Mais son rayon d’action réel pénalisera les amateurs d’expéditions à l’arrivée du week-end. Et le supplément de tarif exigé par rapport aux versions thermiques en découragera clairement plus d’un…