Un imperméable aussi poussiéreux et froissé que l’inspecteur lui-même, un vieux cigare tout mou pendouillant aux lèvres et le tout, accompagné d’un petit basset aussi frétillant qu’une moule cuite, le personnage de l’inspecteur fait la collection des clichés ! Et pour mouvoir l’inspecteur de Los Angeles, point de fade berline américaine, mais un cabriolet Peugeot brinquebalant !
Les cendres, M’sieur, elles sont trop fraîches…
Bien avant tous ces garnements d’experts, ces pseudos inspecteurs en blouse blanche immaculée qui analysent le minuscule bout de plâtre coincé dans le pif de la victime, Columbo (le comédien Peter Falk) jouait dans les détails. Pas de microscope ou d’analyse chimique poussée, juste du bon sens ! Moi, je vous le dis, le Vintage, ça a du bon, ça fait travailler les neurones ! Et sous son allure d’inspecteur collant, poussiéreux, naïf et impressionnable, Columbo a le ciboulot qui s’agite ! Déduction imparable, analyse du détail et hop !, le meurtrier (généralement un riche quarantenaire aussi éloigné de Columbo qu’un nœud papillon d’une gaufre) est démasqué !
Généralement diffusé entre la poire et le fromage, le feuilleton évite toute montée d’adrénaline ! Point de giclante effusion d’hémoglobine, point de boyaux broyés et même, point de suspense ! Et de fait, le feuilleton débutait toujours avec la scène du crime, de sorte que le téléspectateur connaissait l’identité du meurtrier après 5 minutes !
Un bien épais mystère…
Pour motoriser l’inspecteur, la production s’est rabattue sur une originale Peugeot 403. Le constructeur français, lui-même, ne s’explique pas comment la voiture a pu arriver jusque là, car le cabriolet 403 n’a jamais été vendu outre-Atlantique !
Mais il y a peut-être une explication. A en croire Peter Falk, le comédien jouant l’inspecteur Columbo, les voitures proposées par la production pour motoriser l’inspecteur ne lui convenaient guère. Pour lui, les clichés étaient largement suffisants (imperméable, cigare, l’épouse citée à tire-larigot, le basset…) que pour en rajouter un, mobile de surcroît !
Et puis, la révélation, la veille du tournage ! Un comédien français en voyage aux Etats-Unis, Roger Pierre, lui présenta son auto (la fameuse 403 cabriolet) et l’ami Peter en tomba amoureux ! Ce sera elle, et aucune autre ! Une autre version de l’histoire, moins séduisante il est vrai, indique que la 403 faisait tout simplement partie des voitures proposées par la production… Voire que le comédien tomba nez à nez avec cette voiture par hasard, en se baladant dans la rue… Peu importe, le fidèle compagnon est choisi !
A la recherche du trésor…
A la fin de la première série, la production revendit la Peugeot… Ce qui ne plût pas du tout à Peter Falk, qui exigea qu’on la lui retrouve sur le champ pour la seconde série ! Une véritable équipe se mit donc en chasse de la sacro-sainte Peugeot ! Mais au final, la production usa pas moins de trois ou quatre 403, dont certaines furent des berlines décapitées. Petite particularité, l’immatriculation évolua de « 044 APD » en « 448 DBZ »…
Peugeot se refusa toujours d’aider la production, l’état déglingué de la voiture n’étant pas forcément émettrice d’une belle image…
Un bon bougre sur roues…
Si Columbo présentait souvent sa 403 comme une véritable rareté, la chose était loin d’être rare de ce côté-ci de l’Atlantique, du moins en format berline : 1.214.126 exemplaires furent construits ! Familiale sans histoire, sûre et fiable, elle servit de nombreuses familles modérément bourgeoises de 1955 à 1966.
Les cinéphiles ajouteront que le cabriolet 403 est également connu pour son petit rôle tenu dans le film « Le Magnifique », de Philippe de Broca, entre les mains d’un Jean-Paul Belmondo éblouissant !
Quand je vais dire ça à ma femme… Repose en paix, Peter !