En présentant sa nouvelle Giulia, Alfa Romeo a fait l’effet d’une bombe ! Cette berline charnelle se donne enfin les moyens de redonner à la marque ses lettres de noblesse disparues : finition de qualité, propulsion, ligne sculpturale, mécaniques de pointe, technologie aboutie. D’autant que le constructeur n’a pas fait dans le détail et nous a dévoilé son nouveau modèle dans sa version la plus pointue : la Quadrifoglio Verde, animée par un V6 d’origine Ferrari de 510 chevaux ! Avec de tels arguments, la concurrence allemande peut enfin se poser des questions…

Diesel, enfin !

Heureusement, Alfa Romeo n’a pas limité la palette des motorisations à cette seule bouillante mécanique ! Le constructeur a rapidement annoncé un éventail de 4 cylindres essence de 2 litres et de 4 cylindres diesel de 2,2 litres. Les puissances de ces modèles plus accessibles sont échelonnées entre 136 et 280 chevaux.

Comment résister ?

Mais avant d’analyser les dessous plus en profondeur, attardons-nous un instant sur la robe de ce modèle. Comment en effet, résister à pareille beauté ? Tout en affichant des proportions traditionnelles, cette berline se démarque clairement du reste par sa beauté agressive et par son charme. Voilà, le mot est lâché ! Sensuelle, la Giulia l’est dans toutes ses versions.

Dans l’habitacle

A l’intérieur, nous fûmes frappés par le bond en qualité et en finition. Certes, les Allemands font toujours un petit peu mieux, mais l’écart s’est très considérablement réduit ! Les beaux matériaux et les harmonies possibles rendent l’habitacle classieux, mais peut-être pas aussi chaleureux qu’attendu. L’ergonomie ne souffre pas la critique, contrairement à l’habitabilité : si les passagers avant ne peuvent se plaindre, les occupants des places arrière se trouvent plus serrés, surtout en matière de garde au toit. Et pour eux, le voyage sera un peu moins agréable : quelques plastiques y jurent encore, alors que l’on relève l’étonnante absence d’accoudoir.

Aspects pratiques ?

Non, cette Alfa Romeo ne séduira donc pas les foules par ses aspects pratiques ou par son habitabilité. De surcroît, la contenance moyenne du coffre (480 litres) ne peut être relevée, la banquette arrière restant fixe ! Ce qui est d’autant plus dommage que pour le moment, une version break n’est pas prévue.

Technique

Notre modèle d’essai se voyait animé par un 4 cylindres turbo diesel de 2,2 litres délivrant 180 chevaux et 450 Nm aux roues arrière, via une boîte automatique à 8 rapports. Bien entendu, d’autres configuration sont possibles. Avec une telle cavalerie, notre modèle affichait de très brillantes performances : le 0 à 100 km/h est annoncé à 7,5 secondes. Mieux : même en plein effort, le diesel s’efforce de rester discret ! Pour la musique de l’échappement, prière toutefois de vous tourner vers le V6 essence. La boîte automatique, d’origine ZF, est un régal : vive, intelligente, souple et douce, elle fait tout à la perfection !

Un châssis splendide

Certes, la partie dynamique d’une voiture n’a souvent que peu d’intérêt pour vous, chers lecteurs. Entre une autoroute encombrée et un centre-ville saturé, qui peut encore parler de plaisir de conduite ? Eh bien, les conducteurs de Giulia ! Le moindre petit virage met tout de suite en évidence le fabuleux potentiel du châssis : formidablement équilibré et tranchant, il se dirige depuis une direction un brin trop légère, mais néanmoins précise et agréable.

C’est donc quand ça tourne que la Giulia se révèle la plus gratifiante. On se régale alors du comportement routier incitant à une « arsouille » permanente. Sans conteste, il s’agit là d’une grande réussite, au point que nous pensons que cette Giulia présente le meilleur comportement routier du segment ! Amis sportifs, sachez toutefois que l’ESP ne peut être déconnecté. Mais la motricité naturelle est de toutes manières, excellente.

Longs trajets ?

Si Alfa Romeo a concocté l’un des meilleurs châssis qui soient, il ne l’a pas (trop) fait au détriment du confort. L’amortissement reste donc assez tolérant, quoique le compromis pourra être jugé comme ferme par les plus tatillons d’entre vous. L’insonorisation est très bonne et permet de discuter tranquillement sans devoir hausser le ton sur autoroute.

Technologie

Alfa Romeo n’a évidemment pas voulu faire de compromis et a doté sa Giulia d’équipements à la pointe : régulateur de vitesse adaptatif, avertisseur de collision, système de détection de piétons, système multimédia de 8,8 pouces avec intégration optimale du smartphone (Car Play et Android Auto), divers modes de conduite (principe DNA)…

A la pointe, vraiment ? Pas tout-à-fait. Face à ses rivales les plus abouties, la Giulia reste en léger retrait : aucune trace en effet d’un assistant de conduite dans les embouteillages ou d’applications connectées (actualité, météo, service de conciergerie…) sur le système multimédia, à l’instar de ce qui se fait chez les constructeurs premiums allemands.

Budget

La Giulia est proposée à partir de 31.990 €. A ce prix-là, elle s’offre à vous avec le 2.2 l diesel de 136 chevaux. Notre version de 180 ch à boîte automatique s’affichait quant à elle, à un prix de base avoisinant les 38.000 €, soit le prix d’une BMW 320dA, mais à la dotation de série assez chiche. L’équipement est ici décent et comprend dès le premier niveau de finition la climatisation automatique bizone, les capteurs de lumière et de pluie, les jantes alliage de 16 pouces… Mais mieux vaut pousser à la version « Super », qui s’arme d’une dotation plus en accord avec le statut de la voiture : régulateur de vitesse, sellerie cuir-tissu, jantes de 17 pouces, ainsi que quelques systèmes d’aide à la conduite.

Conclusion

Non, la Giulia n’est pas parfaite : sur le plan pratique, la belle Italienne laisse encore à désirer. Les berlines allemandes se montrent également plus abouties sur le plan technologique et sur celui de la finition. Mais une voiture, cela s’achète aussi avec le cœur. Et pour des raisons clairement subjectives (comportement routier et style général), l’Alfa Romeo fait trembler le triumvirat. Au point qu’on lui pardonne ses défauts et qu’elle nous incite à la conduire encore et encore. Et ça, dans le contexte automobile actuel, c’est une éclatante victoire.